Santé

Le bain de vapeur après l’accouchement, une pratique à bannir

Le bain de vapeur après l'accouchement | Photo : Phalonne Pierre Louis / Ayibopost

La grossesse est une étape particulière dans la vie de la femme qui entraîne des modifications importantes sur le corps de la gestante. En plus d’être un phénomène biologique, elle comprend une facette culturelle qui bien sûr varie d’une contrée à l’autre.

Ce petit ventre qui grandit veut dire beaucoup de choses dans certaines cultures : sa forme dira en un clin d’oeil si c’est une fille ou un garçon, tout le monde te chantera qu’il faut se coucher sur le côté gauche pour ne pas écraser le bébé ou encore ne pas faire l’amour pour ne pas le frapper… et bien sûr il ne faut surtout pas omettre le bain de vapeur après l’accouchement.

Bain de vapeur, qu’en est-il ?

Cette pratique traditionnelle, avant de se répandre en occident sous le nom de “yoni stream” a des origines ancestrales de l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie. Les aïeuls prenaient l’habitude de bouillir de l’eau et faire des infusions avec des feuilles aromatisées.

La méthode consiste donc à asseoir la nourrice sur un récipient contenant l’eau bouillante infusée, dans une chambre généralement fermée afin de faire pénétrer la vapeur dans le vagin de la femme pour “réparer” l’utérus et le vagin fatigués par ce long travail, le tonifier, le nettoyer. Certaines cultures vont jusqu’à recouvrir la femme avec un drap afin qu’elle puisse bien prendre son bain de vapeur, après lequel elle ne devra toucher au froid pour quelque soit la raison.

Comme vous l’aurez deviné, cette pratique, douloureuse et loin d’être relaxante comme on l’aurait souhaité, occasionne des brûlures, parfois même au 3e degré au niveau des parties exposées à l’eau bouillante. De plus, ce bain de vapeur peut entraîner un déséquilibre de la flore vaginale et provoquer irritation, inflammation et/ ou infections.

En Haïti, cette pratique est très répandue, surtout en milieu défavorisé où les femmes sont accouchées par des matrones qui ne négocient pas leur “beny”, et des parents qui tiennent mordicus à transmettre cette coutume à leurs enfants pour la perpétuation de celle-ci. Etant donné que ces femmes n’accouchent pas en milieu hospitalier, ce bain de vapeur remplacerait les soins du post partum (période suivant l’accouchement) et aurait même une valeur supérieure aux soins de l’hôpital, à tel point qu’ils soumettent même celles qui accouchent à l’hôpital à ce supplice infernal que tous jugent bénéfique. Des maris diront que le vagin de leurs femmes deviennent plus serrés comme ils les aiment après ce fameux “dlo cho”, des parents et voisins feront croire à plus d’un que la nourrice qui ne se fera pas adepte de cette pratique sentira mauvais et attrapera un écoulement qui lui lâchera pas la maille. Tant de pressions physiques et psychologiques sur ce pauvre corps qui ne demande que du repos et une bonne hygiène routinière pour récupérer bien et vite.

Non seulement ce bain de vapeur après l’accouchement ne répare ni utérus ni vagin, ce dernier pouvant se nettoyer seul comme le grand autosuffisant qu’il est, cette décoction bouillante endommagé, brûlé, infecte, détruit ce que la croyance populaire pense qu’elle répare. Le bain de vapeur n’est ni nécessaire, ni important et par conséquent, encore moins conseillé par les personnels médicaux.

Cette pratique de la médecine traditionnelle, ancrée dans l’imaginaire collectif reste encore un défi à relever pour le bien être et la santé de nos femmes.

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