Rouzier c. Joé Dwèt Filé : une première audience prévue pour le 24 Juillet

Rouzier c. Joé Dwèt Filé : une première audience prévue pour le 24 Juillet

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Le dossier judiciaire opposant le musicien haïtien Fabrice Rouzier au chanteur Joé Dwèt Filé, au comédien Tonton Bicha et à plusieurs maisons de disques internationales, poursuit son chemin devant la justice américaine. Une conférence préliminaire a été fixée au 24 juillet 2025 à 10h15, et se tiendra par visioconférence, selon les documents du tribunal fédéral du district Est de New York.

Cette audience, qui s’inscrit dans le cadre du dossier 1:25-cv-2226, devrait permettre aux différentes parties de définir un plan de procédure, d’organiser l’échange des éléments de preuve et d’évaluer la possibilité d’un règlement à l’amiable avant l’éventuelle tenue d’un procès.

Une œuvre protégée par deux copyrights américains

Rappelons que la plainte initiale déposée par Fabrice Rouzier concerne la chanson « Je Vais », sortie en 2002, qui serait à l’origine du morceau « 4 Kampé » de Joé Dwèt Filé. L’artiste haïtien affirme que des éléments significatifs de son œuvre ont été samplés sans autorisation, y compris dans le remix « 4 Kampé II » avec Burna Boy.

Aux États-Unis, « Je Vais » est légalement protégée par deux enregistrements officiels :

– Le PA 2-522-140 couvre la composition et les paroles ;

– Le SR 1-025-328 protège l’enregistrement sonore.

Joé Dwèt Filé reconnaît l’inspiration mais parle de malentendu

Dans un épisode du podcast Culture.Knock.Out (C.K.O), Joé Dwèt Filé avait confirmé s’être inspiré du morceau original de Rouzier, soulignant même avoir inclus une dédicace dans l’introduction de « 4 Kampé ». Il affirme cependant qu’il s’agirait d’un malentendu, notamment en ce qui concerne les démarches formelles liées aux droits d’auteur. Selon lui, il s’agissait d’un hommage, et non d’un plagiat délibéré.

Les premières réactions des parties citées

Depuis l’ouverture du dossier, de nouveaux documents ont été ajoutés à la procédure. Parmi eux, un courrier officiel d’Universal Music Publishing France, daté du 14 mai 2025, dans lequel la société affirme n’avoir aucune implication dans la production ou la publication de « 4 Kampé ». Elle demande donc à être retirée de la procédure.

De son côté, Atlantic Records, représentée par le cabinet Pryor Cashman, a rappelé son statut de filiale de Warner Music Group. Elle a également déposé une demande de report de la date limite de réponse à la plainte, qui a été fixée au 16 juillet 2025. Des discussions seraient en cours en vue d’un possible règlement à l’amiable, selon des sources proches du dossier.

Tonton Bicha officiellement assigné

Le comédien haïtien Tonton Bicha, cité dans la plainte pour avoir interprété publiquement des extraits de « Je Vais » lors d’un concert à New York avec Joé Dwèt Filé, a été assigné le 20 mai 2025 en Floride. Cette performance est considérée par Fabrice Rouzier comme une violation directe de ses droits d’auteur, d’autant plus que Tonton Bicha avait participé au vidéoclip original de « Je Vais » en 2002, et était donc, selon les plaignants, conscient de la nature protégée de l’œuvre.

L’affaire Rouzier contre Joé Dwèt Filé et consorts continue donc de faire grand bruit, notamment en Haïti, où Fabrice Rouzier est une figure emblématique de la musique et un défenseur actif du patrimoine culturel. Elle suscite aussi un intérêt croissant dans les cercles de l’industrie musicale internationale, car elle pose la question cruciale du respect des droits d’auteur, en particulier pour les artistes issus de pays du Sud.

Cette procédure ne concerne pas uniquement un différend musical ; elle cristallise des enjeux majeurs liés à la propriété intellectuelle dans un contexte de mondialisation. La reconnaissance de la paternité d’une œuvre, la rémunération équitable des artistes, et la traçabilité des échantillonnages sont autant de points centraux que cette affaire met en lumière.

Si un règlement à l’amiable venait à être trouvé, il pourrait constituer un précédent important en matière de respect des créations caribéennes dans l’industrie musicale globale. Dans le cas contraire, le procès à venir pourrait donner lieu à une jurisprudence déterminante pour les droits des créateurs du Sud face aux géants internationaux.

Soource : Chokarella


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Oggi Regis

Fondateur & PDG de Bèlide Magazine | Brand Designer

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