Société

Quand le journalisme citoyen fait plus de mal que de bien

Les médias ont toujours eu une place prépondérante dans la vie sociale d’une communauté, et avec l’avènement d’Internet, le qualificatif de “quatrième pouvoir” a pris tout son sens. L’information est devenue de plus en plus accessible et ceci à n’importe quel endroit du globe.

En effet, en un clic, le monde nous est offert sur un plateau, ou plutôt, sur une toile d’araignée virtuelle. À travers les médias traditionnels, les journalistes se sont démenés pour nous tenir informés. La radio, le journal papier et la télévision ont longtemps été les principaux canaux de diffusion. Mais avec les médias sociaux, d’autres formes de journalisme ont vu le jour. De nos jours, l’une d’entre elles fait plus de mal que de bien, surtout ici en Haïti. Il s’agit du journalisme citoyen.

Le journalisme citoyen peut être défini comme l’utilisation des outils de communication par une personne – et donc un citoyen -, pour partager des contenus à caractère informatif en ligne. Dans ce cas bien précis, l’individu passe du statut de récepteur à celui d’émetteur, en “devenant lui-même un média. Il s’agit d’internautes qui souhaitent témoigner sur ce qu’ils voient, sur ce qu’ils entendent ou sur ce qu’ils constatent”. (https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Journalisme-citoyen.html) Cette forme de journalisme à été très appréciée à ses débuts. Premièrement à cause de la proximité. Un événement digne d’attention peut surgir à tout moment, et bien souvent ce sont des membres de la population qui ont pu voir ce qu’il c’est réellement passé. Dans certains cas ils peuvent même avoir des images – l’accident tragique du basketteur Kobe Bryant en est un parfait exemple -, ce qui est un vrai plus pour comprendre ce qu’il en est.

Deuxième avantage, l’indépendance. Le fondateur de Craiglist, Craig Newmark, l’a mentionné : un citoyen journaliste sera capable de publier quelque chose qu’un journal aura peur d’imprimer car il n’est pas soumis à une quelconque pression politique. Cependant malgré ces qualités indéniables, le journalisme citoyen comporte tout autant – sinon plus – d’inconvénients. Le premier et non des moindres est l’absence d’objectivité. Une information, pour être utile, doit être transmise telle quelle, sans être orientée sous couvert d’idéologies farfelues. Malheureusement on constate que certains laissent leurs penchants politiques et leurs visions obscurcies de la réalité altérer la qualité des informations fournies. D’autres sont tout bonnement de mauvaise foi.

Une augmentation de la désinformation

Autre inconvénient encore plus grave : la désinformation. Dans ce cas – selon Le Robert – il s’agit d’une utilisation des techniques de l’information de masse pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits. Certes les médias n’ont pas attendu l’invention du journalisme citoyen pour faire de la désinformation, mais force est de constater que le phénomène a empiré depuis que n’importe quel individu peut dire ce qui lui chante simplement à l’aide d’un smartphone. La population en est la principale victime. En Haïti, ce sont surtout les médias sociaux comme Facebook, YouTube et Tik-Tok qui servent de canal de désinformation. Et la monétisation de ces plateformes a aggravé la situation.

Monétisation et volonté de créer du buzz

Non pas que la monétisation soit une mauvaise chose en soi, beaucoup de professionnels consciencieux et intègres y ont trouvé le moyen de gagner plus aisément leur vie. Mais cet aspect de la chose a créé toute une génération d’internautes qui veulent à tout prix faire le buzz, quitte à assassiner la vérité et à sacrifier l’éthique. La formule est simple : plus de likes, plus de view et plus de partage équivaut à plus d’argent. Les pseudo journalistes pullulent donc sur la toile. Sous des titres pompeux, ils partagent des informations sans même se donner la peine de les vérifier, ce qui représente le strict minimum pour tout journaliste qui se respecte.

À un moment donné, nous avons tous été leurré par un titre évocateur sur les réseaux. Ce n’est qu’après avoir cliqué qu’on s’est rendu compte de notre erreur. Quant aux amateurs de sensations, ils se font quotidiennement induire en erreur sans même le savoir, par ceux-là qui cherchent à faire un hit. Dans une société où l’insécurité est à son paroxysme, c’est un véritable danger que de se baser sur de telles inepties pour vaquer à ses occupations. Aux internautes qui ne demandent qu’à être informés en toute intégrité, on vous exhorte à la prudence. Il devient urgent d’identifier les vrais journalistes de ces voyous biberonnés au buzz.

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