Société

Côte d’Ivoire : Révélation d’un trafic de clitoris de femmes excisées pour des rituels mystiques

Trafic-de-clitoris
En Côte d’Ivoire, un trafic macabre de clitoris issus de femmes excisées a récemment été mis au jour, particulièrement dans les régions du nord du pays. Ce commerce illégal consiste à transformer les clitoris en poudre, qui est ensuite vendue à des fins mystiques.

En effet, cette poudre, souvent utilisée dans des rituels pour obtenir richesse, pouvoir politique ou encore comme aphrodisiaque, se vend à des prix allant jusqu’à 100 000 Francs CFA (environ 165 USD), notamment si la victime était vierge au moment de l’excision.

Une vue générale d'une poudre noire, apparemment composée de plantes et de chair humaine (un clitoris coupé sur une fille soumise à une mutilation génitale féminine), est visible dans le village de Kamassela près de Touba le 10 juillet 2024. Les organes génitaux coupés illégalement sur des filles lors de cérémonies de "circoncision" sont utilisés dans plusieurs régions de ce pays d'Afrique de l'Ouest pour "faire des philtres d'amour" ou des onguents magiques qui, selon certains, les aideront à "gagner de l'argent ou à accéder à de hautes fonctions politiques", a déclaré Labe Gneble, présidente de l'Organisation nationale de la femme, de l'enfant et de la famille (ONEF).Le clitoris broyé peut se vendre jusqu'à environ 170 dollars (152 euros), l'équivalent de ce que beaucoup de personnes en Côte d'Ivoire gagnent en un mois.Diallo a arrêté d'utiliser les onctions il y a dix ans, mais le chef de la police régionale, le lieutenant N'Guessan Yosso, a confirmé à l'AFP que les clitoris séchés sont toujours "très recherchés pour des pratiques mystiques". Les entretiens approfondis menés par l’AFP auprès d’anciens guérisseurs, exciseurs, travailleurs sociaux, chercheurs et ONG montrent clairement qu’il existe un trafic florissant d’organes génitaux féminins pour les pouvoirs qu’ils sont censés conférer.
Beaucoup sont convaincus que ce trafic entrave la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), interdites dans ce pays à la religion très diverse depuis plus d’un quart de siècle. (Photo par Issouf SANOGO / AFP)
Une vue générale d’une poudre noire, apparemment composée de plantes et de chair humaine (un clitoris coupé sur une fille soumise à une mutilation génitale féminine), est visible dans le village de Kamassela près de Touba le 10 juillet 2024. (Photo par Issouf SANOGO / AFP)

Bien que l’excision soit illégale en Côte d’Ivoire depuis 1998, cette pratique persiste dans certaines zones rurales, où elle est perçue comme un rite de passage. Des réseaux organisés d’exciseuses, parfois venues de pays voisins, continuent à perpétuer ces mutilations malgré les lois en place. Le trafic des organes, qualifié de “trafic d’organes” par la loi ivoirienne, est sévèrement puni, mais peu de cas ont été poursuivis jusqu’à présent.

Des organisations locales et internationales, telles que l’Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (ONEF) et la Fondation Djigui, luttent pour sensibiliser les populations et éradiquer cette pratique. Malgré une baisse globale du taux de prévalence de l’excision dans le pays, une Ivoirienne sur cinq en est encore victime, et dans certaines régions du nord, ce taux dépasse 50%.


Comment here