Depuis une dizaine d’années environ, les jeux de paris sportifs se sont popularisés en Haïti, à un point tel qu’ils sont désormais incontournables. En ligne ou directement dans un bureau, des milliers de parieurs tentent de gagner de l’argent au quotidien, en misant des sommes sur leurs équipes préférées. Appât du gain, goût du risque ou simple volonté de s’amuser, quelques parieurs nous parlent de leurs expériences avec ces jeux de hasard.
Résidant à Carrefour, Casimir aime surtout miser sur des matchs de football, mais il lui arrive aussi de parier sur du basketball et du hockey sur glace. Âgé de 33 ans et ayant étudié le Travail Social à la Faculté des Sciences Humaines, ce passioné d’animé joue depuis 2016, et ceci, pour des raisons économiques : “Je pense qu’avec les jeux de paris sportifs, je peux faire des bénéfices”. Cette envie de gagner de l’argent est aussi celle qui a poussé Junior à tenter sa chance : “J’ai toujours joué avec l’espoir de rafler de grosses sommes, et il faut avouer que ces jeux génèrent beaucoup de sous”.
Malheureusement, gagner le gros lot n’est pas toujours aussi facile, Junior l’a appris à ses dépends : “Je joue depuis 2021 et jusqu’à présent je n’ai pas encore gagné les sommes que je vise, mais je connais des parieurs qui ont fait des bénéfices considérables. Je crois donc qu’un jour ce sera mon tour”. Junior est un jeune journaliste de 27 ans qui habite la commune de Delmas et tout comme lui, Casimir n’a pas encore atteint les sommes espérées : “Par rapport à ma compréhension du jeu et ce que j’avais l’habitude de voir les années précédentes, gagner de grosses sommes me paraissait facile. Je ne sais pas si ce sont les jeux qui ont changé ou si je suis devenu trop gourmand au fil du temps, mais ce que je subis actuellement n’a rien à voir”.
Quant à Sendy, elle joue depuis 2019. Sa discipline de prédilection est le football. La principale raison qui la pousse à parier est l’appât du gain, mais ça lui arrive aussi de jouer juste pour le plaisir. Ancienne étudiante en patrimoine et tourisme à l’Université d’État d’Haïti, Sendy est une diplômée de 28 ans qui habitait à Juvénat. Tout comme plusieurs de nos compatriotes, elle a voyagé et séjourne actuellement dans la ville de Brooklyn à New York.
Tout comme Sendy, Woodly a aussi laissé le pays pour aller s’installer à New Jersey. Âgé de 25 ans, cet ancien propriétaire d’une petite entreprise d’impression sur vêtements fait des paris depuis 2020. Woodly résidait à Croix-des-Bouquets, et malgré son déplacement il n’a ancune intention d’abandonner les jeux de paris sportifs. Le slogan “pa gen kanpe” prend donc tout son sens.
Les raisons pour lesquelles Alex est un adepte des paris sportifs depuis 2016 sont plus nombreuses. Ce jeune Marigotien de 25 ans veut logiquement faire de gros gains, mais il y a autre chose : “Je parie car les activités économiques que je mène ne me suffisent pas. Je tente ma chance afin d’acheter des habits, faire plaisir à ma copine et aussi m’offrir des forfaits internet de manière régulière”.
Avec le tôt elevé de chômage et l’insécurité qui s’amplifie, beaucoup de jeunes se tournent vers les paris sportifs pour gagner de quoi subsister. Les violences des gangs armés ont conduit des milliers de personnes à abandonner leur quartier de résidence et les activités économiques qui vont avec, ce qui a une influence directe sur l’augmentation du nombre de parieurs, eux qui cherchent à rentrer de l’argent honnêtement.
Plus qu’un moyen de gagner de grosses sommes ou une façon de s’amuser, les jeux de paris sportifs sont souvent le dernier recours de beaucoup de gens. Faire des mises s’accompagne souvent de maux de tête, comme le dit si bien Junior : “Parfois j’ai beaucoup de remords, surtout quand sur les dix équipes que j’ai choisi, neuf gagnent leur match alors que la dernière perd bêtement”. Mais ça ne suffit pas à le décourager : “Ces jeux sont intéressants. J’ai la conviction que mon tour viendra et que je gagnerai un beau pactole”.
Les jeux de paris sportifs n’ont pas fini de faire des heureux et des malheureux, tout comme il est clair qu’ils vont continuer à attirer de nouveaux parieurs, surtout dans un moment où le pays est paralysé par l’insécurité et autres questions politiques. Tout de même, s’adonner aux jeux de hasard peut être addictif, une pratique mesurée est donc conseillée.
*Par souci d’anonymat, les vrais prénoms ont été remplacés.
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