Société

Les inégalités de genre dans la société haïtienne actuelle

Quand il s’agit de droits humains, l’un des premiers freins au progrès et au développement qui est identifié concerne les inégalités sociales, qui selon le PNUD, désignent l’ensemble des disparités sociales, juridiques et économiques qui défavorisent un genre par rapport à un autre. Pour être plus clair, c’est le fait qu’une catégorie de personnes ne puisse pas jouir des mêmes opportunités et privilèges que les autres à cause de son genre. Et un peu partout dans le monde, les femmes sont plus souvent victimes de ces déséquilibres.

Selon l’INSEE, en France par exemple, pour le même poste, les femmes gagnent 9% de moins que les hommes. Dans les sociétés moins développées et patriarcales, les inégalités de genre sont plus criantes ; Haïti en est le parfait exemple. Ici, la croyance populaire banalise le fait que les postes à hautes responsabilités soient pratiquement refusés aux femmes, alors que c’est un fait flagrant qui témoigne de leur mise à l’écart des sphères décisionnelles du pays. Est-ce normal que sur nos 18 postes de ministres, seulement cinq sont occupés par des femmes ?

C’est un phénomène qui sévit dans notre société depuis des lustres. À une époque, dans certaines familles, les garçons ont toujours été priorisés en ce qui a trait à la scolarisation, tandis que les filles ont souvent dû rester à la maison pour effectuer les tâches ménagères. Ce système sexiste qui enferme les femmes haïtiennes dans les pans de l’économie les plus défavorisés et précaires est à la base même de ces inégalités. Certains emplois sous-payés et épuisants physiquement comme être servante, serveuse, technicien de surface ou encore travailler dans la sous-traitance (faktori) sont plus souvent réservés aux femmes car elles sont plus vulnérables et plus sujettes à l’insécurité de l’emploi. En plus du fait que les « patrons » soient quasiment tous des hommes, on a tous déjà entendu au moins une histoire sur certaines femmes qui subissent des harcèlements sexuels sur leur lieu de travail, sans ensuite être défendues par la justice.

Mis à part les sphères économiques et politiques, les inégalités de genre occupent une grande place dans la vie de tous les jours. Dans sa chronique (“Kwonik yon Dayiva”, 5e et 15e épisodes), Gaëlle Bien-Aimé témoigne des oppressions que les femmes subissent à cause de cette réalité, que ce soit dans les critiques qu’elles reçoivent sur leur choix vestimentaires, les discours dénigrants proférés à leur encontre sur les réseaux sociaux, ou encore le fait qu’elles soient systématiquement jugées en fonction du nombre de leur amants alors que les hommes sont libres d’agir à leur guise.

De nos jours, malgré le fait que l’on constate certaines prises de paroles pour dénoncer les conséquences de ces inégalités liées au genre, beaucoup d’efforts supplémentaires doivent être faits pour diminuer ce fléau et enfin permettre aux femmes de jouir des mêmes droits et privilèges que les hommes. Elles pourront enfin s’épanouir comme elles l’entendent et participer de manière libre et active au progrès de notre société. Comme l’a si bien dit Gaëlle dans son article, le combat pour le bien-être des femmes haïtiennes ne se réduit pas seulement au 8 Mars (journée internationale des droits de la femme), c’est de préférence une bataille quotidienne pour changer les mentalités.

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