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Le suicide entre Werther et Papageno

Il arrive souvent des situations qui nous poussent à avoir des pensées obscures, voire suicidaires chez certaines personnes. Ces idées noires qui nous submergent, qui nous font croire que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue et qu’y mettre fin est la seule solution salvatrice à notre souffrance. Le suicide est souvent perçu comme un acte personnel, voire discret, pourtant, il arrive d’observer des vagues de suicide sur une période à la suite d’un cas de suicide connu de tous. C’est ce qu’on appelle l’effet Werther.

Sans aucun doute, des gens se suicident tous les jours, un peu partout à travers le monde, sans que ces actes soient rapportés à la presse ou retransmis dans les médias et journaux. Sans bruit, le suicide a lieu, et sans bruit, le corps – s’il est retrouvé – est enterré ou incinéré par la famille dans la plus grande discrétion. Par contre, certains cas de suicide font couler autant de larmes que d’encre, on en parle partout et sans arrêt pendant tout l’après-drame. D’aucuns pensent qu’une telle médiatisation peut encourager des conduites suicidaires, surtout chez les personnes à risque.

L’effet Werther s’explique dans le fait que le suicide et les conduites suicidaires peuvent être contagieux et qu’une vague de suicide peut survenir dans le futur immédiat d’un suicide médiatisé. Cette contagion suicidaire a été mise en évidence à plusieurs reprises dans l’histoire : à chaque fois qu’un suicide est médiatisé, des vagues de suicide surviennent dans les jours et les mois qui suivent. La diffusion médiatique sans précaution serait donc à la base de ces suicides selon cette théorie.

Des personnes déjà vulnérables comme les adolescents puisqu’ils ont tendance à adopter des comportements d’imitation, les personnes avec un trouble mental ou ceux qui sont dans une situation de détresse, de grande anxiété ou de dépression sont plus à risque.

La santé mentale, tout comme le suicide ont été pendant longtemps des sujets tabous dont on n’en parlait pas souvent. Est ce parce que nous sommes trop résilients, ou que nous nous adaptons à tout, même à ce qui peut nous détruire ? La tendance a commencer à changer, nous abordons de plus en plus les sujets relatifs à notre santé mentale, au suicide, et pourtant on ne cesse de compter des cas de suicide ces dernières années, médiatisés ou pas. Peut-on évoquer l’hypothèse de Werther ? Doit-on se tourner au contraire vers papageno comme solution à cette situation alarmante ?

L’effet papageno est l’inverse de l’effet Werther, cette étude montre que si les suicides médiatisés augmentent le taux de comportements suicidaires, c’est parce que la communication de ces suicides est problématique. L’effet papageno est vu comme un effet préventif lié à un traitement médiatique. La théorie papageno sous tend d’utiliser une bonne communication : parler du suicide sans parler du passage à l’acte mais plutôt de mettre l’accent sur la sensibilisation pour continuer à vivre, ou encore l’importance des mécanismes d’adaptation positive pour faire face à cette situation.

Werther ou Papageno, le suicide est réel et cette vague de suicide requiert une assistance particulière. Nous avons tous notre rôle à jouer en veillant sur nos proches, en les encourageant, les accompagnant, en leur donnant l’envie de vivre, le goût à la vie. Parfois, il s’agit simplement d’encourager une personne à voir un professionnel en santé mentale ou quelqu’un qui peut l’aider quand nous sommes dépassés. Dans la manière d’aborder les choses, deux extrêmes doivent être évitées à tout prix : la première est de penser qu’une quelconque force mentale puisse nous mettre automatiquement à l’abri du suicide. La vérité c’est que les gens souffrent, et nous n’avons même pas idée de ce qui se passe dans leur tête, dans leur être. La seconde est d’éviter de tomber dans la facilité de critiquer ceux qui sont passés à l’acte. Ça n’aide personne et pire, ça renforce les tendances suicidaires. Aidez quand vous le pouvez, aidez de la bonne manière, notre santé mentale compte, à chaque instant.

Contribution : Herbert Nerette

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