Société

Femme émancipée : entre clichés et réalité

Femme
Selon Larousse, l’émancipation est “l’action de s’affranchir d’un lien, d’une entrave, d’un état de dépendance, d’une domination, d’un préjugé”. L’essentiel est là, mais pour que cette définition soit complète, on pourrait y insérer le mot “lutte”, car bien sûr aujourd’hui cela s’apparente à un combat quotidien contre ce que les sociétés contemporaines fixent comme étant les normes, et qui font du mal à des catégories de personnes.

L’histoire de l’humanité porte en elle des mouvements initiés par des personnalités extraordinaires qui ont bataillé pour faire bouger les choses. Dans cet article, nous n’allons pas parler de la lutte acharnée menée par Will Smith dans le film “Emancipation”, pour s’extirper lui et sa famille des conditions de vie inhumaines imposées par l’esclavage, mais nous allons de préférence aborder la question – beaucoup plus pertinente de nos jours – de l’émancipation de la femme.

L’égalité des droits

Dès la fin du 18ème siècle, les femmes commencent à revendiquer l’égalité des droits entre elles et les hommes. À cette époque, le partriacat comme système social était très ancré dans les moeurs des occidentaux, à tel point que Olympe de Gouges fut guillotinée en 1793, deux ans après sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Les femmes étaient considérées comme des mineures et ne pouvaient pas, à cet effet, jouir des mêmes privilèges que les hommes, que ce soit en matière d’accès à l’éducation ou de droit de vote. Ce n’est qu’en 1946, après la seconde guerre mondiale, que la Constitution de la cinquième République Française précise que : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ». Et même après cette victoire de la gente féminine, l’égalité voulue était loin d’être acquise dans les faits.

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Liberté de disposer de son corps à sa convenance

Encore récemment, la sexualité était un tabou pour les femmes car l’idée qu’elles disposent de leur corps comme elles le désirent était marginale. La conception populaire était qu’elles doivent satisfaire les besoins de leurs maris selon leur volonté ; la sexualité était alors un devoir que toutes ont l’obligation de s’acquitter. “Pour les femmes, ni leur corps, ni l’usage de leur corps ne leur appartient : l’État leur interdit le libre choix de la procréation, tandis qu’il confère à tous les hommes, par une dénégation formelle du principe de l’égalité, le privilège d’être obéis”. (https://www.archivesdepartementales.puy-de-dome.fr/n/l-emancipation-des-femmes/n:127).

Le combat mené pour s’affranchir de cette domination a été mené d’une main de maître par les féministes à travers deux droits spécifiques : le droit à la contraception et le droit à l’avortement. La fin du 20ème siècle a débouché sur des avancées positives en permettant aux femmes d’avoir des leviers juridiques pour ne plus être considérées comme de simples pondeuses de bébé et servantes de l’homme.

Une féminisation de certaines activités réservées aux hommes

Parler d’émancipation de la femme, c’est parler aussi de leur intégration dans des activités pratiquées exclusivement par des hommes, comme le sport. Pour passer de simples spectatrices à pratiquantes, les femmes ont dû batailler et faire valoir leurs droits de participer activement à la vie sociale des sociétés dont elles font partie. Malgré certains freins et réticences, les sports féminins se sont développés petit à petit pour finalement couvrir presque toutes les catégories dédiées aux hommes. Les affaires politiques étaient elles aussi réservées seulement aux hommes, ce qui empêchait les femmes de prendre part à des prises de décisions qui allaient impacter leur propre avenir. Même dans la mode, les femmes ont été persécutées par le biais de l’interdiction de porter le pantalon. Ce sont les sacrifices des femmes d’hier – de certains hommes aussi – qui ont permis aux femmes d’aujourd’hui de jouir des privilèges qu’elles n’ont pas eues à leur époque.

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Une femme émancipée

Une femme émancipée est celle qui a pu se délester de certaines contraintes sociales et du même coup devenir indépendante. L’émancipation, qui est l’un des éléments moteurs de la transformation de la société, donne à une catégorie de la population des droits identiques aux autres catégories. Avoir la possibilité de faire ce que l’on veut sans empiéter sur les droits des autres est le but ultime de ces luttes car qu’on le veuille ou non, le poids et le regard de la société sont pesants, surtout pour la gente féminine. Heureusement, les militants féministes mettent les bouchées doubles afin d’atteindre cet idéal qu’est l’égalité des droits.

En Haïti, il y a un discours très répandu autour de l’émancipation féminine. En effet, dès qu’une femme a des cheveux colorés, se fait des piercings a des endroits spécifiques et porte des chevillets, elle est tout de suite affublée du qualificatif “émancipée”. Certes, affirmer son style en dépit d’un regard discriminatoire que porte la société – à travers la religion surtout – sur ces choix est déjà un pas vers la bonne direction. Mais réduire des années de luttes et de combats à ça ne fait pas honneur aux femmes. L’émancipation passe par l’éducation, car il faut connaître ses droits pour les revendiquer. Il faut identifier les barrières érigées par les sociétés patriarcales afin de les détruire. En définitive, l’égalité entre femme et homme est encore à parfaire, le bien-être et le progrès futur de notre société dépendent des actions posées par notre génération d’aujourd’hui.

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