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Emmanuela Dérissaint, l’éclosion d’une plume qui vit au quotidien

Il y a des gens qui choisissent d’écrire: pour se sauver, pour se libérer, pour renaître… Il y a d’autres que l’écriture choisit : pour vivre, continuer d’exister à travers des lignes, des lettres, des mots. Et au milieu de ces extrêmes, il y a Emmanuela Dérissaint, une jeune fille de 18 ans qui, pas trop tôt mais assez pour susciter l’admiration et l’espoir, défie le temps et les événements, l’âge et le contexte, pour faire de l’écriture une oeuvre temporelle, ponctuelle et vivante.

À seulement 16 ans, Emmanula Dérissaint décroche le prix Amaranthe 2021, concours d’écriture organisé par les éditions C3, avec son roman : “Au sommet de la Plaine”. Ce succès surprenant voire choquant pour certains et jubilatoire pour d’autres n’est pourtant pas un fait hasardeux pour l’autrice. Petite, ses productions écrites attiraient déjà l’attention de ses professeurs qui voyaient déjà l’affleurement d’une plume particulièrement brillante. Au fil des ans, sa passion pour la littérature et l’écriture a grandi avec elle, aiguisant sa plume et ses convictions.

En 2020, suite à un concours d’écriture organisé sous la direction de Yanick Lahens, son premier texte publié et primé, une nouvelle intitulée “Machann Lavi” a retenu la curiosité de plus d’un du secteur littéraire et artistique. Emmanuela avait 15 ans. Son jeune âge, la profondeur et la finesse de ses mots, tout portait à admirer l’éclosion de cette plume précocement mûre et parfaitement poétique d’Emmanula Dérissaint. Et comme pour sceller son talent aux yeux du public et des lecteurs, en 2021, son premier roman, “Au sommet de la Plaine”, raffle le premier prix de la catégorie fiction du concours de poésie et de fiction : Prix Amaranthe, concours organisé par les éditions C3, bien connus du cercle littéraire.

Prix Amaranthe décerné à Emmanuela D.

Au sommet de la plaine est un roman teinté de poésie, où l’auteur aborde un thème poignant : “la migration”. Emmanuela, sous une plume brutale, violente même, nous présente à travers ses personnages le mouvement migratoire sous son angle le plus terne mais à la fois le plus vivant et le plus réel. Il ne s’agit pas d’un avion ou d’un aéroport gai, d’un accueil chaleureux ou d’un voyage planifié. C’est plutôt des rêves brisés, des gens mal menés, déshumanisés, nostalgiques de chaleur locale et de visages connus et attrayants, c’est l’histoire d’une route trop longue, trop boueuse, trop sinueuse, de vols, de viols, de fatigue, d’insomnie, de peur, de fracas, de déportations et de maltraitances. Ce roman vibre dans les mots, transperce dans la réalité et crie à l’humanité dans son sens global et moral.

Emmanuela conçoit l’écriture comme un art, qui permet de tenir, de ne pas succomber au gouffre, de résister et de s’envoler afin de pouvoir s’échapper du réel. Au sommet de la Plaine n’est pas seulement un roman qu’on lit et qu’on dépose, c’est un roman qu’on vit, au quotidien, un texte qui parle et qui parle fort. Ce texte a été mis en scène Au Festival Quatre Chemins en décembre dernier dans le cadre de la 19e édition de cette manifestation littéraire et artistique, Schebna Bazile, metteur en scène a repris et adapté un extrait de ce texte pour une présentation, et le livre sera mis sur le tapis, ce 18 février 2023, de refrain littéraire à l’émission Louvri lespri w, chanje lavi w de Banj FM.

Aujourd’hui, Emmanula Dérissaint est encore une élève en classe de terminale qui écrit au besoin et par envie, ou par l’urgence même de la “chose” comme elle aime à le dire. Écrivaine, rédactrice, Emmanuela incite les jeunes qui aimeraient s’adonner à l’écriture ou tout autre personne de le faire par amour mais aussi avec respect pour ce que sont l’écriture et la littérature afin de produire un travail peaufiné et à la hauteur de cet art. Ses textes le prouvent bien, écrire c’est faire vivre, ou revivre, qu’importe! Il suffit de garder la vie. “On meurt à chaque aube”.

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