Souvent on entend dire que la lecture est une activité qui prend soin de l’esprit tel un jardin dont on arrose les fleurs qui le compose. Si tel est le cas, alors les auteurs sont les jardiniers qui s’occupent du bien-être de notre intellect. Dans la littérature haïtienne, ces bienfaiteurs de l’âme sont légions. Aujourd’hui, on met en lumière Yanick Lahens, une écrivaine qui a marqué et qui continue de marquer le monde littéraire de son empreinte.
Née à Port-au-Prince le 22 décembre 1953, Yanick Lahens y a fait une partie de ses études secondaires et est ensuite allée en France pour entamer un cursus en Lettres Modernes à l’Université Paris-Sorbonne. Après avoir soutenu son mémoire de maîtrise en 1976 sous le sujet de “Lecture d’une œuvre de Fernand Hibbert : Les Thazar“, elle retourne s’installer en Haïti l’année suivante.
Tout en enseignant la littérature à l’École Normale Supérieure, elle participe à la mise en place de plusieurs projets de grande envergure, notamment ceux qui concernent la réforme ayant abouti à l’introduction du Créole dans l’enseignement destiné aux écoles primaires, et le lancement de la revue haïtienne Chemins Critiques. L’écrivaine a publié sa première œuvre en 1990, un essai titré “L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien“.
En plus d’un talent incontestable qui lui permet de créer des œuvres exceptionnelles, Yanick Lahens est aussi connue pour son engagement social et culturel. Durant l’année 1996-1997, elle a fait partie du cabinet de Raoul Peck, le ministre haïtien de la culture d’alors. À la suite de cette expérience, ella a intégré la direction du projet de la route de l’esclave ; projet qui a mobilisé les sciences et les arts dans le but de produire des réflexions objectives sur la problématique de l’esclavage. De plus, elle a été la cofondatrice de l’Association des écrivains haïtiens (qui n’existe plus actuellement), et aussi la créatrice de la fondation “Action pour le changement”. Ces organismes ont œuvré dans la création de plusieurs bibliothèques à travers le pays, tout en s’engageant de façon active dans la lutte contre l’illettrisme.
Les deux genres littéraires de prédilection de Yanick Lahens sont le roman et la nouvelle ; sa manière de mélanger fiction et réalité sous une plume qui dépeint parfaitement la société haïtienne à travers un prisme imagé font d’elle l’un des auteurs les plus connus de sa génération. Ses différentes distinctions sont là pour témoigner de sa place dans le panthéon des plus grands écrivains du pays. En effet, pour son roman du nom de “La couleur de l’aube“, elle a remporté les prix Millepages en 2008, le prix RFO du livre et le prix littéraire Richelieu de la Francophonie en 2009. En 2014, elle remporte le prix Fémina pour “Bain de lune”, un roman reconnu pour ses personnages originaux. La même année, elle rafle la mise pour le prix Carbet des lycéens 2014 pour le roman “Guillaume et Nathalie”. Sans oublier le prix Joseph D. Charles qu’elle a remporté en 2015 pour sa nouvelle intitulée “La folie était venue avec la pluie”.
Son style d’écriture est décrit comme ayant un fort accent traditionnel car la transmission de la culture haïtienne a été la base même de son éducation familiale. Cet attachement au terroir que dégage ses écrits s’est le plus ressenti dans les pages de son texte publié en 2010, l’année du tremblement de terre du 12 Janvier. “Failles” est non seulement le récit de l’expérience personnelle de l’écrivaine par rapport à ce séisme meurtrier, mais aussi la radiographie d’une nation ravagée par d’autres fléaux beaucoup plus permanents. Ses coups de plume sur cet événement tragique témoignent d’une force de caractère propre aux survivants de cette journée noire, parce que comme elle l’a dit lors d’une émission, continuer à écrire est sa manière d’empêcher au séisme de faire d’elle une double victime.
Ceux et celles qui ne se sont pas encore plongés dans les livres de cette excellente auteure, vous passez certainement à côté de quelque chose. Mais bon, vous avez le temps d’y remédier en allant débusquer vos exemplaires des livres de Yanick Lahens dans la librairie ou la bibliothèque la plus proche. Pas la peine de me remercier, les instants de pur bonheur que vous passerez en dévorant chaque page de ses œuvres suffiront à me contenter.
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