Depuis 1975, chaque année, l’Organisation des Nations Unies célèbre la journée internationale des femmes. L’occasion pour les acteurs concernés de la société civile de célébrer les acquis des pionnières, de continuer les plaidoiries et de se réunir pour faire avancer la lutte vers une société égalitaire où les droits des femmes sont réellement respectés. Cette année, le thème retenu est : “Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme”.
Les luttes pour les droits des femmes dans le monde ne datent pas d’hier et s’inscrivent dans des registres différents selon les époques, le contexte, la culture et les antécédents historiques et coloniaux. Ainsi, ce que réclamaient les femmes en Europe vers les années 1900 était différent de ce à quoi aspiraient les femmes de l’Amérique Latine à la même époque. Si l’on doit reconnaitre une transnationalité dans les luttes féministes dans le monde, c’est surtout parce qu’elles tendent toutes à l’égalité entre l’homme et la femme, et à l’épanouissement de ces dernières.
Aujourd’hui, au regard des acquis des luttes féministes – citons le droit de vote et de participation à la vie sociopolitique, le droit d’accès aux études supérieures… – les revendications des femmes changent de perspective ou mieux, s’approfondissent. Il s’agit non seulement de revendiquer pour que le viol soit légalement reconnu comme un crime méritant une peine proportionnelle à la noirceur de l’acte, mais il est surtout question de promouvoir l’autonomisation des femmes afin que celles-ci puissent s’épanouir socialement et économiquement. Il s’agit d’investir dans nos femmes pour accélérer le rythme de leur émancipation.
Investir pourquoi ?
Il est évident qu’aujourd’hui les femmes n’ont pas seulement besoin de lois en leur faveur mais de politiques leur permettant de disposer complètement de leurs potentiels, de grandir et de s’épanouir dans divers domaines. Il est essentiel de comprendre que des actions et des fonds doivent être mis à la disposition des programmes d’émancipation féminine et toucher le fond du problème. Nos femmes ont besoin d’opportunités, d’égalité de chances mais surtout de moyens pour pouvoir en profiter. Dans cette démarche, l’accomplissement des droits et la réalisation d’objectifs sera plus effective et susceptible de donner des résultats.
Investir en faveur des femmes est une question de droits humains, il faut en effet penser à mettre fin à la pauvreté, une pauvreté féminisée à bien des égards et mettre en œuvre un financement qui tient compte du genre tout en soutenant les agents de changements féministes. Il nous faut investir dans la santé, l’éducation, le commerce en soutenant des programmes qui visent à promouvoir les droits des femmes et à rendre ces dernières plus autonomes. S’il nous faut féliciter les initiatives d’entreprenariat au féminin qui sont en pleine expansion, il convient tout de même d’analyser leurs résultats et de nous orienter vers d’autres axes de changement, comme les sciences (STEM), l’industrie, l’informatique, etc…
Chez nous en Haïti, la lutte pour l’émancipation des femmes et l’égalité en matière de genre tient toute sa place. Nous avons de quoi célébrer pendant ces longues et périlleuses années de lutte mais nous avons encore des raisons de continuer à nous battre et nous en aurons sans doute toujours. La violence basée sur le genre et actuellement le corps des femmes comme butin de guerre, le droit à l’avortement sécurisé, les dispositions légales sur l’harcèlement… le chemin est encore long. Il nous reste tellement d’inégalités à déplorer, de batailles à mener que notre vie passera, celle de nos filles et de nos petites filles. Chacune avec leurs batailles, chacune avec leurs acquis mais toujours est-il et toujours sera-t-il question de se lever pour nos droits car ces derniers ne sont jamais vraiment acquis et d’autres combats rejoindront le champ, d’autres problèmes feront surface. Par ailleurs, il nous faut entreprendre des actions d’investissement durables en faveur des femmes en vue d’accélérer le rythme du développement et la construction de société égalitaire.
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