L’image que l’on projette de soi est mille fois plus importante que le talent, disait l’autre. Le souci du paraître et des apparences imprègne notre société occidentale contemporaine (Paresys, 7). Mais plus encore, la question de la forme et de l’apparence, dans le contexte postmoderne, sont devenue incontournable dans toutes les sociétés. Le corps, en ce sens est le premier canal par lequel on définit le goût et le style. Paresys nous dit que « l’être humain considère désormais son corps comme un espace non fini sur lequel il peut agir à volonté, par la grâce de quelques chirurgiens plasticiens ou poseurs d’implants ».
Andrieu pose le postulat selon lequel « la connaissance du corps ne peut pas être écartée d’une pratique sociale, de la pratique de justification et de reformulation de nos affirmations. Les discours sur le corps font désormais partie des récits médiatisés par le langage et par les pratiques sociales » (14). Nos sentiments, émotions et nos ressentis passent nécessairement par notre corps, il nous met en contact constante avec le monde extérieur. Dans cette perspective, nous ne sommes pas dans le corps biologique et anatomique, mais plutôt dans le corps construit, le corps modelé dans des ateliers de design. Ce corps construit répond donc à la démarche d’une identité collective prenant des formes corporelles qui passent par l’esthétisation de l’apparence du corps (Malysse, 2002). Ce point de vue met en avance la beauté du corps.
Ce que nous appelons beauté, dans le texte, peut être une formation, voire déformation de la beauté originelle. Mais elle nous fait découvrir ce qui est de plus substantiel dans la nature, dans les œuvres artistiques. A cela, on comprend que la beauté est à la fois quelque chose qui peut être proposée, mais aussi qui peut s’imposer elle-même de par la nature de la chose. Toutefois, l’on se questionne encore sur la beauté pour dire : n’est-ce le regard de l’homme qui rend belle la beauté. La beauté, peut-elle s’auto-observer ? Nous avons sorti la beauté de son simple contexte naturel ou humanitaire pour l’attribuer à des cultiver par la société : la morale, la vérité, l’honnêteté et même des jeux.
Le travail de l’apparence est fruit de la modernité, voire la postmodernité qui refuse toute simplicité, et propose du même coup une forme de subjectivité de l’identité du corps. Ce dernier, pour citer Le Breton (1994) le corps est posé non comme indiscernable, mais comme une possession, un attribut, un autre, un alter ego. Les gens vivent, réagissent bien souvent selon le regard des autres, ils construisent une apparence selon les dits des autres. N’avez-vous pas l’habitude que vous vous sentiez plus à l’aise lorsque vous êtes belle et bien soigné, sois que vous sortez tout juste d’un barber shop, ou d’un studio de manucure ?
La postmodernité nous pousse à croire que notre apparence nous définit, c’est d’ailleurs pourquoi on y accorde autant d’important. En ce sens qu’on accorde une grande importance à l’imaginaire du corps [qui semble parfait]. Vaillant (40) pense que « si l’influence sociale détermine certains comportements vis-à-vis du corps, la place de l’imaginaire dans l’inconscient individuel motive certaines attitudes parfois contradictoires ». Un corps réifié est dès lors modelable à loisir, lieu d’investissement, de placement, de négociation, de faire valoir, et pourquoi pas de production artistique » (Pénochet, 2005 : 509).
L’apparence est ce que l’on voit en premier, elle sert à la fois à exprimer et cacher sa personnalité. Cette dernière se trouve coincée au carrefour de la réalité et la poussée de la postmodernité. Il n’est pas sans savoir que ce flux a pour conséquence de nombreuses vices et déviance sociales. Ceux-là et celles-là qui n’arrive pas à se faire paraitre se trouve disparaitre sans possible retour sur la scène du jeu. C’est pourquoi Jacques (2018) dit que la modernité esthétique est une notion à repenser. L’apparence révèle des choses de nous, mais pas l’essentiel qui se trouve au-delà du paraître.
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