La mode est cette industrie qui habite l’existence humaine dans toutes ces dimensions. Elle prend sa place dans notre vie quotidienne sans même l’avoir invité et du même coup, elle prétend nous définir en tant qu’individu, nous catégoriser et voire même nous consumer (dans le sens où elle [ré] invente notre perception humaine). Les sociétés humaines se font piéger par cette [grosse] machine qui ne peut faire marche arrière que s’il n’y a plus d’existence. Pour s’y accommoder, chaque société (peuple) tente de définir un modèle vestimentaire qui convient à leur goût.
Regroupé par le textile et l’habillement, le dilemme entre la mode et la manufacture se fait de plus en plus, marqué par la création et l’invention. La manufacture, vue par les professionnels, est technique, voire mécanique dans ses dimensions pratiques, tandis que la mode se fait remarquer par la création du style, la réinvention du goût et son penchant atemporel dans une perspective artistique.
D’un point de vue économique, selon le rapport du cabinet d’études de marché Euromonitor international sur la mode, la consommation mondiale s’élève à 6%, tous secteurs confondus, ce qui représente 1400 milliards d’euros en 2008 selon les chiffres. Selon l’ADEME, dans un rapport d’études, (2016), en France, le secteur de la mode génère 150 milliards d’euros et représente 1 million d’emplois. 67 milliards proviennent des textiles et vêtements, 44 milliards des parfums et cosmétiques et 33 milliards de l’export. Au sens premier dans le processus de production dans la mode, l’habillement est fille du textile. Dans notre démarche, nous mettrons l’emphase sur le textile [haïtien] et la question de l’habillement sera mieux développée dans un autre article.
Y a-t-il un idéal vestimentaire haïtien ? La mode vestimentaire constitue un phénomène social particulièrement efficace au même titre que les productions culturelles : sa forme basée sur la concurrence, son accessibilité, son aptitude à pénétrer l’intimité de l’individu, en font un objet culturel qui fait partie désormais du quotidien de chacun (Michel, 2016). Toute discussion sur la question vestimentaire en Haïti devient fragile et subtile à aborder dans la mesure où il faut se pencher sur l’utilisation du textile. Quel modèle possible pour le textile haïtien ? Karabela ?
Dans la tradition vestimentaire haïtienne, le Karabela est le tissu par excellence. Il définit ce qui est de plus substantiel dans la culture locale [vodou]. D’ailleurs, les adeptes du vodou constituent ses principaux consommateurs. Mais est-ce une fabrication locale ? La réponse à cette question semble évidente puisqu’on produit quasiment pas, mais cela change-t-il l’importance qu’on accorde au Karabela dans nos rapports à la tradition, on en doute fort. Le Karabela prend tellement de place, les créateurs de mode haïtien tentent de le faire sortir, par des initiatives très louables, de sa production traditionnelle à une forme moderne par des pièces de haute couture. Ce qu’il faut comprendre, le Karabela n’a d’importance non pas pour son origine française, mais plutôt par les couleurs qu’il apporte dans notre vie.
Crédit de l’image de mise en avant : https://www.commecoco.com/traditional-haitian-dress/
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