Après avoir ressenti les symptômes d’une maladie, combien d’entre nous ont été consulter un médecin avant d’aller acheter des médicaments ? La réponse est toute simple : pas beaucoup. L’automédication, qui consiste en l’utilisation d’un médicament par une personne sur sa propre initiative, c’est-à-dire sans une prescription d’un spécialiste et sans les conseils d’un pharmacien, est un phénomène très courant en Haïti. Mais, est-ce une pratique sans risque ? Nous allons tenter d’y voir plus clair dans les lignes qui suivent.
À la moindre signe de malaise, le réflexe de la majorité des haïtiens c’est d’aller trouver de quoi se soulager dans la boutique ou la pharmacie la plus proche. La raison pour laquelle certaines personnes préfèrent pratiquer l’automédication, c’est pour ne pas entre guillemets gaspiller de l’argent dans une consultation alors qu’elles connaissent déjà les raisons de leurs maux. De plus, l’accessibilité et la rapidité de soulagement de l’automédication en font une pratique très prisée.
Selon un article publié sur Ameli.fr, les médicaments en automédication sont souvent utilisés pour le traitement de symptômes bénins ou de maladie ponctuelle comme le rhume, les maux de gorge et de tête, la diarrhée, la constipation, les allergies, les douleurs etc. Ici en Haïti, ces maladies sont considérées comme “pas graves”, et donc il n’est pas nécessaire de voir un médecin. Mais malgré sa propension à faire disparaître rapidement les symptômes d’une maladie, l’automédication n’est pas sans danger pour la santé de ceux et celles qui la pratiquent.
Automédication en Haïti : attention danger !
Et justement, Soucaneau Gabriel décrit bien cette réalité dans son article publié en avril 2017 sur le site d’AyiboPost. Le premier danger vient du fait que la vente de médicaments n’est pas réglementée en Haïti. Dans les autobus, nombreux sont les vendeurs qui s’autoproclament “agents marketing”. Ils offrent tous types de médicaments à une clientèle qui se laisse convaincre par leurs beaux discours. En plus des autobus, ces vendeurs sont partout. Il y en a même qui utilisent des haut-parleurs pour vanter les mérites de leurs recettes miracles. On pourrait aisément croire qu’on a affaire avec la potion magique de Panoramix, tellement ils affirment que leurs mélanges naturels peuvent guérir des dizaines de maladies. Clairement, notre médecine traditionnelle en pâtit aussi. On peut bien utiliser les feuilles et les racines que l’on trouve dans la nature pour se soigner, mais sans un bon dosage et les bons mélanges, il est possible au contraire d’aggraver la situation.
Ce laisser aller de la part du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), contribue à accentuer ce phénomène, en dépit du fait qu’il y ait d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Le premier concerne le rapport que les haïtiens ont avec les hôpitaux. Il est connu de tous que la majorité d’entre nous n’aimons pas aller chez le médecin, à moins que ce ne soit vraiment grave. Le deuxième facteur est économique. En effet, il est plus facile de se procurer des médicaments dans les rues que d’aller se faire consulter pour ensuite se rendre dans une pharmacie avec une prescription. On comprend donc que cette pratique n’est pas prête de disparaître.
Néanmoins, il existe des solutions pouvant permettre de minimiser les risques encourus. La première est évidemment d’éduquer la population, car nulle personne n’irait administrer un médicament s’il sait qu’il risque d’en faire les frais. De plus, dans un pays où les rares hôpitaux qu’il y a ne sont pas équipés pour faire face à certaines situations, il est difficile de ne pas se tourner vers l’automédication. Construire plus d’établissements de santé et y permettre l’accès au plus grand nombre est donc une démarche obligatoire pour stopper ce fléau. En attendant que ces conditions soient remplies, pratiquons l’automédication de manière avisée en surveillant les dosages de nos remèdes naturels et en évitant d’encourager ces “agents marketing” en achetant leur produits sans savoir leur provenance. De plus, consulter le pharmacien ou la pharmacienne avant l’achat du médicament peut vous épargner bien de maux, sans mauvais jeu de mots.
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