Vente signature de l’ouvrage « Souveraineté nationale et lutte anti-impérialiste en Haïti »

Vente signature de l’ouvrage « Souveraineté nationale et lutte anti-impérialiste en Haïti »

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Le samedi 26 juillet 2025, à l’École des Frères de Pétion-Ville, s’est tenue la vente-signature de l’Analyse des écrits politiques de Rosalvo Bobo : un projet de co-écriture réalisé par huit étudiants issus de trois universités différentes – intitulée « Souveraineté nationale et lutte anti-impérialiste en Haïti » -, sous la direction du professeur Hérold Toussaint, coordonnateur du Collectif des Universitaires Citoyens (CUCI) et ancien vice-recteur aux affaires académiques de l’Université d’État d’Haïti.

Ce projet de co-écriture autour des Écrits politiques a été mené pendant un an par les étudiants Guerdie Berger, Rick Boris Isidore, Michel Géné, Nehissa Jacques, Branderas Jean Louis, Albertina Joassaint, Stanley Louissant et Liz Naïka Sajuste, respectivement issus de l’Université Notre-Dame, de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et de l’Université Quisqueya. Les Écrits politiques sont un recueil de lettres ouvertes, de discours, de déclarations et d’articles de presse à haute valeur politique, réunis dans un ouvrage : « Rosalvo Bobo, Écrits politiques », compilé par l’historien Michel Soukar, et publié dans la collection “Textes Retrouvés” chez C3 Éditions.

Pour le professeur Hérold, la réalisation de ce projet est une preuve tangible que la jeunesse haïtienne, particulièrement les étudiants universitaires, est capable de grandes prouesses, à condition d’être bien encadrée et bien formée. Ce n’est ni le premier ni le dernier projet de co-écriture mené par le professeur, mais ils poursuivent tous les mêmes objectifs : initier les jeunes à la pensée critique, encourager le travail d’équipe, et célébrer la réussite collective.

Selon l’un des étudiants en sciences de l’éducation à l’Université Quisqueya, ce projet leur a permis d’ouvrir leur regard, d’apprendre la tolérance, et de progresser intellectuellement. Encadrés par le professeur Hérold, sa méthodologie et ses pistes de recherche leur ont été non seulement utiles dans ce cadre, mais le seront aussi pour leurs mémoires de fin d’études. Malgré des divergences d’opinion, ces jeunes issus des sciences humaines et sociales ont réussi à créer des liens solides. Ils ont mis de côté leurs différences pour débattre ensemble et se critiquer mutuellement de façon constructive. Leur travail est la preuve que, nous Haïtiens et en particulier la jeunesse sommes capables de dépasser nos clivages pour bâtir ensemble.

Le choix de Rosalvo Bobo comme sujet de recherche ne relève pas du hasard. C’est un homme politique à la carrière brève, certes, mais dont l’engagement contre l’impérialisme américain a marqué l’histoire. Pour le professeur Hérold, il était essentiel de réfléchir et de travailler sur cette figure oubliée. Pour une étudiante en anthropologie et sociologie de l’UEH, Bobo est une figure de résistance, un espoir pour la souveraineté nationale, et un négociateur avéré. Elle rappelle qu’il ne détestait pas les étrangers comme on le prétend parfois. Dans l’une de ses lettres ouvertes, il déclare : « J’admire leur génie ». Ce qu’il rejetait, c’était l’idée de se laisser dominer : « Le pays n’est pas un torchon que tu peux plier et mettre dans ta poche ».

Certains textes de Rosalvo Bobo peuvent être vus comme des avertissements ou même des prédictions. Au regard de la situation actuelle perte de souveraineté, invisibilité et manque de reconnaissance d’Haïti sur la scène internationale, on pourrait croire qu’il avait anticipé ces dérives. Dans la plupart de ses textes, il enjoint les Haïtiens à reprendre le contrôle de leur destinée.

Un autre étudiant – en communication sociale à l’UEH-FASCH considère que les Écrits politiques de Bobo ne sont pas seulement des appels à la résistance ou à la conscience citoyenne. Ils constituent aussi une base de données scientifiques pour les chercheurs et universitaires. Les onze discours rassemblés par Michel Soukar nous poussent à questionner notre réalité et à prendre conscience de notre manque criant de leadership. Le texte qui a le plus marqué cet étudiant est L’Exploits des Yankees, qui expose la politique d’exploitation des Américains en Haïti et ailleurs, notamment dans les “petits pays”. Ce modèle, bien qu’à ne pas suivre à la lettre, nous invite à résister à l’oppression.

Pour une étudiante en communication sociale de l’Université Notre-Dame, Rosalvo Bobo est un modèle citoyen. Peut-être trop idéaliste, certes, mais une figure de résistance et une source d’inspiration. Le texte À la classe cultivée de mes concitoyens l’a particulièrement touchée. Il s’adresse aux élites éduquées haïtiennes, leur demandant de réveiller leur conscience nationale. Il interpelle ceux qui ont eu accès à l’écriture et à certains privilèges sociaux afin qu’ils mesurent leur responsabilité dans l’affirmation ou la trahison de la souveraineté nationale.

Ce travail collectif s’inscrit dans une volonté de renouveler la lutte contre l’impérialisme blanc. La lecture de l’histoire est un levier pour les jeunes Haïtiens en quête de modèles. Il est crucial de s’inspirer des écrits de Bobo pour continuer à lutter contre l’impérialisme et raviver la flamme de notre souveraineté nationale. Ce projet d’écriture est le fruit d’un effort collectif admirable et audacieux. Bien qu’il ne soit pas le premier, espérons qu’il ne sera pas le dernier acte posé par des jeunes désireux de réécrire l’avenir de notre pays.

« Haïti est née libre et noire. Qu’on ne l’oblige pas à mourir blanche et servile ».

Dawinia Geffrard

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