
Makaya : un jeu de société pour se reconnecter à l’identité haïtienne

Redonner vie à l’héritage culturel haïtien à travers le jeu : telle est l’ambition portée par Lynn Schadzar Pierre, jeune étudiante finissante en finance et fondatrice de Krik? Krak!, une initiative culturelle née d’un profond besoin de transmission. Avec son premier jeu de société baptisé Makaya, elle propose une immersion ludique et éducative dans l’histoire, les traditions et les symboles d’Haïti.
« En grandissant, je n’étais pas vraiment entourée de jeux traditionnels haïtiens. Cela a éveillé ma curiosité et m’a poussée à créer quelque chose pour préserver et partager notre culture », tels étaient les premier mots de Lynn lors de son échange avec la Rédaction de Bèlide Magazine.
Disponible en français, anglais et créole, Makaya n’est pas qu’un simple plateau coloré : c’est un outil culturel pensé pour toute personne désireuse de découvrir ou de redécouvrir Haïti, notamment les enfants, les jeunes et les adultes de la diaspora.
Inspiré par des symboles emblématiques comme le vèvè de Legba, la Citadelle Laferrière ou encore la bataille de Vertières, le jeu permet aux participants d’incarner des figures historiques puissantes :
– Jean-Jacques Dessalines, symbole de liberté et de révolution,
– Makandal, figure de résistance spirituelle,
– Catherine Flon, artisan du drapeau,
– Sanité Bélair, héroïne du combat pour l’indépendance.
« Je voulais que ces personnages soient plus qu’un nom dans un livre. Ils doivent susciter de l’intérêt, encourager la recherche, éveiller la fierté », souligne la créatrice.
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Une création profondément enracinée
Le choix du nom “Makaya” n’est pas anodin. Il évoque le Pic Makaya, l’un des plus hauts sommets d’Haïti, mais aussi un symbole de résistance, de nature et de spiritualité. En référence au Vodou haïtien, le terme « makaya » désigne également des rituels de guérison et de connexion aux ancêtres.
« C’est un nom fort, chargé de sens. Le jeu n’est pas là uniquement pour divertir, mais pour guérir, réunir et reconnecter », affirme Lynn.
La conception de Makaya a débuté en novembre 2024. Lynn a fait appel à l’illustrateur Veridiques Arts pour donner vie à son univers visuel, puis à Dimitry Design pour le design final de la boîte. Le résultat : un objet à la fois esthétique, symbolique et intemporel.
Un jeu accessible, universel et évolutif
Le principe est simple : chaque joueur choisit un personnage, place son pion au départ et avance en lançant le dé. Des cases spéciales viennent ponctuer la partie, incitant à la réflexion, à l’action ou à la découverte. Mais au-delà du divertissement, Makaya met l’accent sur la transmission intergénérationnelle et la fierté identitaire.
« À travers Makaya, on déconstruit les stéréotypes, on ravive la mémoire collective et on montre une Haïti riche, résistante, belle ».
Makaya vise également une intégration dans les milieux éducatifs, notamment grâce à des partenariats avec des commissions scolaires, bibliothèques et centres culturels au Québec. Des démarches sont aussi en cours pour une future distribution en Haïti.
« Nous croyons que Makaya peut devenir un support d’apprentissage ludique, inclusif et engageant ».
Le jeu est actuellement disponible partout dans le monde via le site officiel : http://www.krikrakgames.com/. Il est également en vente au CIDHICA à Montréal, et bientôt dans plusieurs librairies et bibliothèques.
Vers une communauté participative
L’aventure Makaya ne fait que commencer. Des extensions du jeu sont déjà en réflexion pour explorer d’autres figures culturelles et régions d’Haïti. L’équipe de Krik? Krak! prévoit aussi des ateliers de jeu à destination des enfants, des jeunes et des familles.
« Makaya est une invitation à bâtir des ponts entre générations, entre Haïti et sa diaspora, entre la mémoire et le présent ».
Makaya, c’est bien plus qu’un jeu : c’est un acte de transmission, un outil de reconquête culturelle et une source d’inspiration pour toutes celles et ceux qui croient que la culture est une force.
Visionnez la troisième sortie de notre nouvelle émission “À QUI LA CRÉATION ?”
