Delmas Jennipher Leï : quand la douleur devient écriture
Dans “Sous le poids des cicatrices”, Delmas Jennipher Leï dévoile une œuvre à la fois intime et universelle, où la douleur devient le point de départ d’une quête de résilience. Licenciée en économie à l’Université de la Fondation Aristide (UNIFA), elle se décrit comme une femme engagée, passionnée et déterminée à faire de l’écriture un acte de transformation personnelle et sociale.
Depuis l’enfance, les mots sont pour elle un refuge. « J’étais une fille réservée, souvent silencieuse. L’écriture me permettait d’exprimer ce que je ne pouvais pas dire à voix haute », confie-t-elle. Ce besoin de libérer ses émotions s’est progressivement mué en vocation. Si ses études en économie lui apprennent la rigueur et l’analyse du réel, la littérature lui permet de donner une âme aux chiffres, de replacer l’humain au cœur de ses réflexions.

Son identité haïtienne, profondément ancrée dans ses mots, façonne sa vision du monde et son approche de la fiction. Dans un pays où « vivre est une lutte incessante », elle s’inspire des douleurs silencieuses du peuple haïtien, des blessures qu’on cache, des enfants qu’on minimise. Son écriture devient alors un espace de parole pour les invisibles, un hommage à la résilience et à la dignité humaine.
L’idée de son roman est née sans plan préétabli, presque instinctivement, à partir d’un simple cahier. Peu à peu, les personnages ont pris vie, et parmi eux Jenna, héroïne fragile mais tenace, porteuse de blessures visibles et invisibles. « Jenna, c’est une projection de moi », admet l’autrice. Elle incarne à la fois la douleur, la force et la quête d’équilibre intérieur. À travers elle, Jennipher Leï parle du poids des cicatrices, non comme d’une condamnation, mais comme d’une preuve de survie.
Le roman explore ce paradoxe : les cicatrices pèsent, mais elles racontent aussi la force d’avoir survécu. « Même sous le poids des blessures, il est possible de se relever », répète l’écrivaine. Son style, poétique et introspectif, transforme la douleur en une lumière douce, presque thérapeutique. Loin du désespoir, son écriture cherche la réconciliation, la paix avec soi-même et la tendresse envers les autres.

Certaines scènes, notamment celle consacrée à la mère de Jenna, ont été particulièrement éprouvantes à écrire. « C’était un hommage à toutes ces mères silencieuses qui donnent sans compter », confie-t-elle. Ce chapitre, écrit avec pudeur et émotion, résume le fil conducteur du roman : l’amour, la mémoire et la transmission comme sources de guérison.
À travers “Sous le poids des cicatrices”, Jennipher Leï invite le lecteur à reconnaître ses propres blessures et à y voir une force plutôt qu’une faiblesse. « Aimer son reflet, même marqué par les cicatrices, c’est déjà un pas vers la guérison », écrit-elle. Son message s’adresse particulièrement aux jeunes femmes haïtiennes : celles qui portent en silence leurs douleurs, leurs traumatismes, et qui cherchent encore à se reconstruire.
Le roman, disponible sur Amazon, rencontre déjà un bel écho. Pour son autrice, la réussite littéraire ne se mesure pas seulement en reconnaissance, mais aussi en transmission et en guérison. “Sous le poids des cicatrices” n’est pas qu’un livre : c’est un cri, un souffle et une promesse.
Delmas Jennipher Leï y affirme une voix nouvelle dans la littérature haïtienne, une voix sincère, vulnérable et forte à la fois, celle d’une génération qui choisit d’écrire non pas pour fuir la douleur, mais pour la comprendre, la nommer et, surtout, la transformer.

