Quand du 1er Janvier au 31 Décembre ta seule préoccupation n’est que ton ventre et ton bas-ventre. Quand tu ne fais que siroter tranquillement ton café en regardant s’écrouler la société dans laquelle tu vis, auras-tu le cran d’enfiler ton masque de patriotisme aujourd’hui ?
Nous l’avons tous récité au moins une dizaine de fois dans nos cours d’histoire, juste pour ne pas avoir à reprendre la leçon du jour : le 18 Mai c’est la fête du drapeau. Peut-être que notre professeur, sans qu’on sache pourquoi, nous a mis au rang des élèves qui devraient être en première loge dans la parade de l’école. Il nous a demandé de sourire pendant que nous flottions nos mini-drapeaux, donc nous l’avons fait. Peut-être que nous faisons partie de ceux qui entonnaient machinalement ces refrains juste pour le plaisir de la mélodie : “Mon drapeau, …peau,…peau, mon joli petit drapeau”.
Puis, encore plus mécaniquement nous avons grandi. Nous voyons le monde offrir une journée à chaque symbole, donc nous faisons de même. Nous ne savons rien du Carême mais qu’importe ? On mangera du poisson comme tout le monde. Jésus est né le 25 ou le 31 Décembre ? On se perd. Mais “Joyeux Noël”. Combien d’entre nous ne savent même pas différencier ce qui s’est passé dans notre histoire mais, 1er Janvier, c’est la soupe au giraumon donc, “N ap kage l” sans même pouvoir énumérer 5 héros. Qui a rédigé l’acte de l’indépendance ? Combien d’entre nous répondraient “Dessalines” ou même “Catherine-Flon”? L’histoire nationale se tord dans un méli-mélo à nulle autre pareille.
Aujourd’hui, nos statuts WhatsApp vont regorger de posts en rapport avec notre bicolore. Le patriotisme sera à son paroxysme dans chacun de nos mots. Instagram ne pourra compter les fois où notre “bleu et rouge” figurera sur les pages, allant de celles des influenceurs, des médias en ligne aux simples débutants qui ne prendront pas le risque de passer pour des rabat-joie. Ceux qui voudront faire preuve d’originalité préfèreront sûrement vanter nos “belles plages” et nos “plats exquis”. Ensuite on aura la grande famille de “moralistes” qui, sans savoir vraiment pourquoi, se donnent comme tâche de venir plaquer un commentaire empreint de reproches sous chaque publication et n’hésitent pas à répondre aux centaines de status de leurs contacts.
On aura aussi d’un autre côté ceux qui se vanteront de les remettre à leur place car pour eux, c’est légitime de hausser notre bicolore, juste pour aujourd’hui. D’abord, pourquoi tu le fais Christian ? Parce que c’est le 18 Mai. Parce que c’est la fête du drapeau. Et l’on se fiche de ce que représente cette fête et ce bicolore.
De toute façon, on va se mettre sur notre trente-et-un. Arcahaie sera à l’honneur pendant 24 heures seulement. Et à part les cérémonies officielles certains vont se déhancher dans les bals du 18 mai conçus pour enrichir quelques promoteurs. Des bals pour le drapeau sans le drapeau, des bals avec du compas love et autres rythmes qui attireront le plus de personnes. Peu importe. On aura tôt fait de tout oublier le lendemain.
Si vous vous demandez pourquoi cet article ne relate pas comme toujours le symbolisme du drapeau. Eh bien ? L’autre réalité du 18 mai encore aujourd’hui dans l’ombre devait faire surface. De toute façon, vos livres de Civisme et d’histoire n’attendent que vous. Mais, en tant qu’êtres doués d’esprit s’il vous plaît. Gare aux lectures machinales.
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