“L’excitation est au rendez-vous, on se dandine. Pour un 8 Mars, monsieur X voudrait bien honorer sa tendre mère, sa bien-aimée, ses sœurs… bref, ses femmes pour compenser ses jadis maladresses. De l’autre côté de la barre, il y a madame Z, sur son perchoir, parée comme un paon qui attend tous les mérites en ce jour ensoleillé ; comme s’il ne s’agissait que de ça, et comme s’il ne s’agissait que du 8 Mars, madame se dira traitée correctement”.
Il y a un 8 Mars à l’horizon, d’ailleurs il y’en a toujours un ; messieurs, n’allez clamer à aucune femme de votre entourage “bonne fête”, ce n’est pas leur fête, mais la Journée Internationale du respect de leurs Droits ; essayez plutôt un “nous sommes avec vous”, vous aurez beaucoup plus d’aisance.
Portée à vivre quotidiennement la violence, à toi la femme battue, il va faire comme si tout allait bien, qu’il regrette infiniment de t’avoir boxé. Parce que c’est un 8 Mars, il essaiera de t’appâter, de grâce ne te laisse plus faire, regarde au niveau de ta nuque, il s’y trouve encore la marque de son poing… honore-toi en te choisissant d’abord et en le portant à respecter tes droits plus loin qu’un 8 Mars.
De nos jours, à voir l’harmonie faussement maquillée et axée entre des femmes supposées s’unir, Fatima Zohra Karadja encore vivante, aurait sûrement préféré jouer aux osselets avec Simone de Beauvoir.
Ce que dit la petite histoire
“Claudette Colvin, née le 5 Septembre 1939 à Montgomery dans l’État de l’Alabama, est une Afro-Américaine qui, à l’âge de 15 ans, est devenue célèbre pour avoir refusé, le 2 Mars 1955, de laisser son siège à une blanche dans un autobus”. Mais que font nos jeunes filles de 15 ans aujourd’hui pour la plupart ? En tout cas, nombreuses sont celles qui ne connaissent même pas leurs droits, voire militer pour les faire respecter. Rosa Parks doit se retourner mille fois dans sa tombe ; elle qui a su tenir tête au racisme, jusqu’à se faire même arrêter.
Jeune fille d’aujourd’hui
Pour ton anniversaire, on compte bien t’offrir le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, à toi, qui n’arrive pas à comprendre que la question des différences et de l’égalité entre les femmes et les hommes, se cristallise autour de la liberté dans une perspective existentialiste. Être égaux, c’est bénéficier de la même indépendance, être également en mesure – en situation – de réaliser sa transcendance. Mais tant que tu accepteras de porter le poids de cette infériorité dont on te charge, ce sera toujours du gâchis.
Chère société…
Chapeau à toi qui, dans un language codé, n’encourage pas vraiment la femme à se défaire de ses fardeaux, sous prétexte qu’elle est modèle de force, “ou se poto mitan”, “Fanm se wozo”… et tant d’autres dictons encore, qui se veulent mélioratifs, qu’on s’efforce de polir, mais qui persuadent les femmes fort souvent d’accepter un tort leur ayant été causé, oubliant même le fautif.
Monsieur n’a pas pris son rôle de père, non dans le but de l’innocenter, mais pourquoi clamer tel un symbole à la femme “se ou k manman, se ou k papa, degaje w madanm”, comme si c’était une situation des plus normales.
Le féminisme on en parle ?
“Brièvement, le féminisme d’une manière générale, peut être considéré comme un mouvement visant à mettre fin au sexisme, à l’exploitation et à l’oppression sexistes et à réaliser la pleine égalité de genre en droit et en pratique”. Où est-il mentionné que les femmes doivent s’accoupler entre elles ? Devrait-on féliciter votre génie maugréant messieurs qui voient “lesbiennes” quand on prononce “féminisme” ? Devrait-on évacuer toutes les femmes qui clament à tue-tête qu’elles n’ont point besoin d’hommes à leur côté et qui n’arrivent même pas à lever une panne de voiture ? Continuez sur cette voie et le mouvement sera complètement balayé !
“Prônons un 8 Mars nouveau”
Femme, l’avenir peut s’éveiller plus beau que le passé, tu es l’amour, la gloire et l’espérance. Aux enfants que tu guides, à l’homme consolé, à ta propre vie que tu mènes et dois chérir, élève ton cœur et calme la souffrance dans ton entourage si tu le désires bien. Comme un esprit des cieux sur la terre exilé, femme fais-toi savante, acceptée, belle, respectée, présente, invaincue et surtout libre. Le monde aura beau penser que tu es enclin à être la risée existentielle, fais en sorte que ce même monde vienne s’étendre à tes pieds, même après le 8 Mars.
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