Bien que l’expression clé soit à chaque jour suffit sa peine, dans cet espace qu’est Haïti, surtout entre nous autres jeunes, cela se traduit ainsi : à chaque situation suffit son slogan. Pour parler de la nouvelle génération de façon plus rapide il est question de timoun 2000, pour qualifier beaucoup de jeunes filles qui ne pensent qu’à leur beauté extérieure, la plupart du temps on parle de “limena”, mais encore est-il qu’on entend chaque jour un peu plus : “Kwense moun met moun” !
Par “kwense moun met moun”, on comprend fort bien qu’il ne faut rien laisser filer. Rien laisser au hasard, et surtout ne rater aucune opportunité dans quelque soit la situation. Est-ce donc une tendance à suivre quand on sait très bien que dans la vie on ne peut guère tout avoir ? Plus loin en matière de relation, on croirait si on ne veut pas trop exagérer, qu’une forte tendance d’infidélité est primée.
Pourquoi ?
Avant il était question de sauver la face de sa relation avec autrui, lutter et surtout faire tout son possible pour ne pas se laisser tenter ou aller à la débandade. Tandis que maintenant, ce n’est plus le cas. Chacun aurait pu se faire confiance, mais tout le monde veut tenter le tout pour le tout et chacun a sa réserve juste au cas où… juste au cas où quoi ? “Juste au cas où l’autre me tromperait, juste au cas où l’autre me quitterait sans crier gare, juste au cas où je rencontrerai un(e) autre qui me plairait beaucoup plus que le/la précédent(e), juste au cas où je ne serai pas en mesure de faire un choix entre eux(elles)… alors m ap kwense moun met moun”.
Est-ce une pratique positive ?
Nullement pas ! Mais ceux qui voudraient toujours se trouver une excuse à tout diront : “tout dépend de ta conception de l’infidélité”. En gros ils clament haut et fort que c’est de l’infidélité, mais la plupart ne s’en gênent guère. Or l’infidélité n’a jamais été une pratique encouragée dans une relation de couple. “Kwense moun met moun” n’a aucune limite. Les aspirants se retrouvent donc comparés à des pâtissiers qui goûtent plusieurs saveurs sans jamais s’en rassasier, semble-t-il.
Imminente solution ?
Ce serait heurter l’opinion publique de dire qu’il existe une solution générale à cette tendance. Sinon que chacun prenne conscience du devenir des relations entre soi et se rappeler que tromper l’autre n’a jamais été une qualité couronnée sur mesure. On pourrait peut-être commencer par apprendre à se faire confiance à nouveau, essayer de donner sa chance à l’autre même s’il n’est pas parfait et s’entraider. On pourrait aussi essayer de freiner son appétit ascendant et se contenter de ce qu’on a. Et si à tous les coups rien ne marche avec le présent partenaire, se résigner à le quitter sans continuer à en profiter alors qu’on a déjà une autre réserve. Freiner aussi l’esprit de vengeance car à bien des égards, la plupart de ceux qui s’adonnent au “Kwense moun met moun”, se disent toujours avoir été heurté, profité, trompé et incompris par le passé dans une quelconque relation, alors ils se disent qu’ils pourraient bien rendre la pareille.
Dans un milieu où nous voulons prôner la paix et l’union, “Kwense moun met moun” ne devrait pas être une pratique à suivre, ni même un fait à encourager ; car aussi bien tentant que cela puisse paraître de coltiner tribord bâbord, un jour quand même on finira par échouer sur une rive assez plaisante, alors autant prendre grand soin de son navire.
“Menm kamyonèt la kon fin plen li paka pran moun ankò”.
Crédit de l’image de couverture : https://www.unv.org/fr/un-artiste-volontaire-onu-invite-dune-exposition-artistique-en-allemagne
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