Le vieil adage dit : “si on ne boit pas, on meurt au-delà de trois jours. Si on ne se nourrit pas, on meurt au-delà de trois mois et qu’au-delà d’une minute privée d’air, on meurt”. Plongée dans le labyrinthe de mes pensées, il m’est difficile de savoir combien me restera-t-il à vivre si je ne lui serre pas dans mes bras.
Pourrais-je ou aurais-je la force pour pouvoir maudire ce jour ?
Jour où paru un nouveau soleil, soleil qui plus tard m’a largué dans ce noir d’encre sans issue quand je songe à ce sourire qui me faisait perdre la tête, tête que j’ai laissée derrière moi. Aveuglée, innocente, même trop bête, aucun mot ne pourra qualifier mon imprudence, alors que je lui faisais confiance. Trop tard pour me rendre compte qu’il me voyait uniquement pour mes courbes et ma fleur.
Pourrais-je maudire cette journée ?
Tout était maquillé, maquillé de gentillesse, de l’homme différent, sérieux, courtois…Tantôt, je disais : « Si je ne lui serre pas dans mes bras combien me resterait-il à vivre ». Ah ! oui, le serrer dans mes bras pour me faciliter son étranglement, je n’aurai pas pu vivre une seconde de plus sans assouvir ce désir de me venger pour cette vie qu’il a jugé normal de me voler. Il a volé mes dix-neuf ans et tout ce qui venait avec… Je me souviens comme si c’était hier. Je portais des sous-vêtements blancs qui plus tard étaient tâchés de honte, de déshonneur, de sang… il y en avait un peu partout sur le lit. Selon lui, c’était une punition pour lui avoir menti, troublée, j’ai pleuré l’océan avec mes larmes. C’était un jour comme tous les autres, mais différent pour moi, j’étais là rien que pour trois minutes, pas moins mais plus.
Comment trouver la force de vivre après un tel déshonneur ?
J’étais déprimée, je n’osais pas me regarder devant mon miroir, la solitude était devenue une habitude, j’avais souvent la nausée, des vertiges à répétition, j’avais finalement décidé de faire un test de grossesse, eh ! oui, j’étais enceinte… Je ne pouvais rien dire à mes parents, j’avais peur qu’ils me responsabilisent puisqu’ils me disaient tout le temps : « Tifi ak ti gason se alimèt ak gazolin ». Dès lors, ma conception se porte sur la société, je me demande ce qui est normal puisque tout est à l’envers dans ladite société. Le fait que je vois un homme ou qu’il me viole sans que je ne puisse rien dire, car les voisins pourraient penser que c’est à cause de ma tenue trop sexy à leurs yeux ou que je l’avais provoqué…vous connaissez le refrain !
Pour ceux et celles qui considèrent l’avortement comme un crime, ne pensez-vous pas que le vrai crime serait de garder un enfant sachant que ses besoins affectifs, émotionnels, et même primaires sur le plan physique ne seront pas satisfait ? Bref, je connaissais mes droits, mais j’avais tout de même cette peur au point de ne pas aller porter plainte, que mon dossier risquerait d’être déposé en vain, sans suivi, sans espoir et la phobie de faire fuir les hommes sur mon chemin qui n’hésiteront pas de me coller l’étiquette de : « Yo gaspiye l déjà ». Gaspillée ! Comme si j’étais un produit voire périssable.
Une femme violée ou ayant une ou plusieurs relations sexuelles avec un ou plusieurs partenaires ne perd rien en sa personne, en son sexe, RIEN, et aucun homme ne saurait gaspiller une femme puisqu’elle n’est pas un produit, puisqu’elle a le pouvoir de régénérer tant sur l’aspect biologique, social, mental.
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