Les luttes féministes se heurtent à de nombreuses résistances dès leur éclosion. Dans les années 1970, le terme « misandrie » a commencé à être évoqué pour qualifier les agissements de ces activistes.
La misandrie comme terme peut prendre différentes définitions. Si on s’en tient à la compréhension courante, Le Robert nous dit qu’il s’agit du « fait d’éprouver de l’aversion pour les personnes de sexe masculin ». Donc, les misandres expriment du mépris, voire de la haine pour les hommes.
Pris dans ce contexte, les opposants au courant féministe ont utilisé ces propos pour contrer les activistes. Ils avancent qu’elles ne sont que des misandres lesbiennes. Des propos homophobes qui réduisent leurs revendications à une petite faction parmi les féministes pour faire face aux accusations de misogynie auxquelles ils font face. Bien sûr, on retrouvera des femmes homosexuelles qui haïssent le masculin. Cependant, il faut faire une démarcation entre ces dernières.
La misandrie telle qu ‘exprimée est un rejet du patriarcat, non de l’homme en général. Nombreuses sont celles qui ont un homme dans leur vie. Leur orientation sexuelle ne détermine pas si elles sont féministes ou non. Donc, éliminer l’homme de la surface de la planète ne saurait résoudre les problèmes. Ce sont les pensées patriarches qu’il faut rejeter pour embrasser celles qui chérissent la femme. La pensée qui donne le plus de contexte pour l’utilisation du terme vient de Pauline Harmange de son essai « Moi les hommes, je les déteste » où elle décrit la misandrie comme « un principe de précaution parce que nous sommes élevées en tant que femmes à faire confiance aux hommes parce qu’ils sont mis sur un certain piédestal du fait qu’ils sont des hommes ».
On retrouvera sûrement des femmes qui se disent féministes qui prônent la supériorité féminine sur le masculin. Pour elles, la misandrie constitue réellement une haine des hommes dans tous les cas. Elles justifient leur orientation sexuelle sur cette base. Comme quoi l’homme serait à rejeter. Cependant, cette situation ne serait qu’une reproduction de la dominance patriarcale qui domine encore la société. Ce serait comme dire que les hommes ne peuvent être des féministes.
La misandrie a été présentée comme l’équivalent de la misogynie. Mais, alors que les misogynes expriment une haine qui tourne souvent à la violence, la misandrie est plutôt une réponse protectrice après des siècles d’inégalités et de maltraitance. Il est donc compréhensible qu’une femme soit hostile et méfiante envers les hommes, qu’elle analyse le moindre mot qui sort de sa bouche. Elle est certainement misandre. De très grandes avancées ont été effectuées pour obtenir l’égalité entre les genres. Toutefois, il reste encore beaucoup de distance à couvrir pour obtenir cette société équitable où « misogynie » et « misandrie » ne seraient que des termes théoriques dont l’utilisation ne serait plus nécessaire dans notre culture.
[…] La misandrie : entre concept et réalité […]