Ordinairement, les crocodiles donnent naissance à des petits par ponte après l’accouplement d’un mâle et d’une femelle. Leurs œufs sont de la taille de ceux d’une poule ; et peuvent être compris entre 40 et 60 (à chaque ponte). Les mamans ne couvent pas le nid, elles le surveillent jour et nuit, souvent sans se nourrir pendant toute la durée de l’incubation. Pour la première fois, dans un zoo au Costa-Rica, “Parque reptilandia”, un crocodile aurait pondu des œufs par une reproduction asexuée connue sous le nom de parthénogenèse.
C’est quoi la parthénogénèse ?
Aussi connu sous le nom de création vierge, la parthénogenèse est un mode de reproduction monoparentale lors duquel une cellule de la mère féconde un ovule dans le but de former un embryon. Contrairement à une reproduction sexuée, qui implique une gamète mâle et une femelle, elle permet la création des gènes habituellement fournis par le sperme, sans le sperme. Cette autofécondation peut être causée en réaction à des facteurs externes précis, tels que l’absence de partenaires mâles.
Cette forme de procréation a été observée chez certains oiseaux, reptiles, insectes… mais ces 20 dernières années les observations semblent être croissantes chez les vertébrés.
This critically endangered shark relatives can reproduce through "virgin birth" #SharkWeek http://t.co/qGXBz9rfIU pic.twitter.com/td3Y4mSPX2
— Field Museum (@FieldMuseum) July 11, 2015
Un éventuel changement dans le mode de reproduction des crocodiliens ou juste un hasard ?
Placée dans dans le zoo depuis 2002 à l’âge de deux ans, le crocodile américain (crocodylus acutus) en question aurait été isolé depuis 16 ans, donc n’a eu aucun rapport avec d’autres. Comme précédemment mentionné, en réponse à l’absence de mâle, elle s’est autofécondée.
En janvier 2018, les gardiens du zoo ont découvert qu’elle a pondu 14 œufs dont 7 semblaient être fertiles. Ils les ont pris, et les ont couvés artificiellement.
Au bout de trois mois, aucun des œufs pondus n’a éclos (la période d’incubation chez ces animaux dure 80 jours). Ils ont ensuite été ouverts pour en examiner le contenu. Six contenaient de la matière non discernable, et le septième avait un fœtus femelle non viable complètement formé à l’intérieur. Sa mort, comme le précise Warren Booth, premier auteur de l’étude, n’a aucun rapport au mode de conception ayant donné lieu à sa naissance : “[sa] mort précoce ne sous-entend pas qu’une progéniture issue d’une reproduction asexuée ne peut pas avoir une longue vie. De nombreux rejetons parthénogénétiques chez d’autres espèces vivent jusqu’à maturité et ont ensuite une reproduction sexuée”.
Cinq (5) ans plus tard, plus précisément le 7 juin, l’équipe scientifique contactée par le zoo, Virginia polytechnic, qui est spécialisée dans les naissances virginales, a publié ses résultats de recherches dans la revue Biology Letters. Ils ont déterminé que le fœtus était à 99,9 % génétiquement identique à la mère, confirmant ainsi qu’il n’avait pas de père (normalement, les femelles portent en elles 50% de l’ADN maternel).
Les chercheurs avancent que ce type de fécondation aurait peut-être bien longtemps existé chez les crocodiliens mais n’avait jamais été observé juste parce que personne ne s’y était vraiment intéressé avant.
Un héritage archosauriens
Les archosaures désignent une branche de reptiles qui comprend les oiseaux et les crocodilia, et qui, autrefois comptait aussi les dinosaures et les reptiles volants. Étant déjà observée chez les oiseaux et maintenant chez les crocodiles, les recherches supposent que cette capacité de reproduction plutôt rare pourrait bien être un héritage de leurs aïeuls archosauriens.
“La découverte offre des informations alléchantes sur les capacités de reproduction possibles des parents archosauriens éteints, des crocodiliens et des oiseaux, notamment les membres de Pterosauria et Dinosauria”, avance l’équipe de chercheurs.
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