
Revenge porn : le cas “Tatie Mendel” met en lumière une violence encore banalisée

L’affaire « Tatie Mendel » relance le débat sur la pornodivulgation non consentie dans la communauté haïtienne. Le 22 octobre 2025, le 9th Judicial Circuit Court of Florida a entendu l’affaire du TikTokeur haïtien Mendel Raphaël, connu sur les réseaux sous les pseudonymes Tatie Mendel ou Mendel Tou Lumen. Accusé de complot criminel, d’extorsion et de harcèlement, il demeure en détention, sa caution ayant été fixée à 17 300 dollars. D’après les documents judiciaires consultés, Mendel aurait menacé une femme de publier des photos et vidéos intimes d’elle s’il ne recevait pas d’argent. Ces accusations, qui s’apparentent clairement à un cas de pornodivulgation non consentie, remettent en lumière un phénomène souvent banalisé au sein de la communauté haïtienne : le « revenge porn ».
Le revenge porn consiste à diffuser ou menacer de diffuser des contenus intimes (photos, vidéos, messages…) d’une personne sans son consentement, généralement dans un but de vengeance, de chantage ou d’humiliation. Malgré la gravité de cet acte, la société haïtienne peine encore à le reconnaître comme un crime. Sur les réseaux, il n’est pas rare de voir des victimes ridiculisées ou accusées d’avoir “provoqué” la situation.
Pendant ce temps, des plateformes comme “Haitian Pie” continuent d’exister, partageant illégalement des contenus privés et détruisant la réputation de nombreuses femmes et jeunes filles haïtiennes, souvent sans que la justice ne s’en mêle.
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Le cas « Tatie Mendel » : un signal fort
Aux États-Unis, la justice ne prend pas ce type d’affaire à la légère. La juge Elizabeth J. Starr a imposé à Mendel plusieurs conditions strictes : interdiction d’utiliser les réseaux sociaux, de contacter la victime, de posséder une arme à feu ou de quitter le pays sans autorisation. Selon le mandat d’arrêt, Mendel aurait agi avec deux complices dans le but d’extorquer de l’argent à la victime.
Cette affaire rappelle que le consentement est une frontière juridique claire et toute diffusion d’image intime sans accord est une violation de la vie privée et une forme de violence numérique.
🗞️ENFO | Jij Elizabeth J. Starr, nan 9th judicial circuit court of Florida, tande mèkredi 22 oktòb 2025 lan, TikTokè Ayisyen🇭🇹Mendel Raphaël, tout moun konnen sou non « Tatie Mendel/Mendel_tou_lumen». Aprè premye aparisyon sa a, tribinal la fikse yon kosyon 17,300 dola,💴pou li… pic.twitter.com/6j92KWuAoL
— LSV Media Production (@LuckNews88) October 22, 2025
Quand les victimes se taisent, les bourreaux prospèrent
En Haïti, de nombreuses victimes de revenge porn choisissent le silence. Honte, peur du jugement social, absence de recours légaux efficaces : autant de raisons qui perpétuent ce cycle de violence. Certaines jeunes femmes perdent leur emploi, interrompent leurs études ou sombrent dans la dépression après la diffusion de contenus compromettants.
Pendant ce temps, des sans scrupules accumulent des vues et des abonnés sur la souffrance d’autrui, dans l’indifférence quasi générale.
L’affaire Mendel Raphaël doit servir d’avertissement et de tournant collectif. Il est temps d’encadrer légalement la cyberviolence sexuelle, d’éduquer les jeunes sur le consentement numérique, et de faire pression pour fermer les plateformes comme Haitien Pie qui encouragent la pornodivulgation non consentie.
Parce que la honte ne devrait plus peser sur les victimes mais sur ceux qui violent leur intimité.