En Chine, les influenceurs devront désormais prouver leurs qualifications pour parler de sujets « sérieux »

En Chine, les influenceurs devront désormais prouver leurs qualifications pour parler de sujets « sérieux »

Digiqole Ad

Les autorités chinoises ont franchi une nouvelle étape dans leur volonté de réguler le contenu en ligne. D’après les récentes directives de la Cyberspace Administration of China (CAC), les influenceurs, blogueurs et livestreamers devront désormais se justifier d’une qualification officielle avant de s’exprimer sur des sujets dits « hautement professionnels » tels que la médecine, le droit, la finance ou encore l’éducation.

Cette mesure, entrée en vigueur à l’automne 2025, vise selon Pékin à lutter contre la désinformation et les conseils non fondés qui pullulent sur les réseaux sociaux. Les plateformes comme Douyin (TikTok Chine), Weibo ou Bilibili sont tenues de vérifier les diplômes ou licences professionnelles des créateurs concernés.

Les influenceurs non qualifiés risquent des amendes allant jusqu’à 100 000 yuans (environ 14 000 dollars) et la suspension de leur compte. Contrairement à ce qu’ont rapporté certains médias occidentaux, la réglementation ne concerne pas tous les influenceurs : seuls ceux qui produisent du contenu lié à des domaines spécialisés sont visés.

Un contrôle accru du discours public

Depuis plusieurs années, la Chine renforce son contrôle sur le numérique, justifiant ses mesures par la lutte contre la désinformation et la préservation de l’ordre social. Mais pour de nombreux observateurs, cette politique vise également à restreindre la liberté d’expression et à centraliser la production de savoir et d’opinion.

Et en Haïti ?

Faire un parallèle avec Haïti permet de mesurer deux extrêmes. Là où la Chine régule à l’excès, Haïti se trouve dans une quasi-absence de régulation.

Sur les réseaux sociaux haïtiens – principalement TikTok, Facebook, YouTube et X (Twitter) – n’importe qui peut se présenter comme journaliste, analyste politique, expert en santé ou commentateur social. Cette liberté, si elle traduit une vivacité démocratique, engendre aussi des dérives : propagation de fausses informations, banalisation de la violence verbale et confusion entre opinion et expertise.

Contrairement à la Chine, il n’existe aucune instance officielle pour vérifier la fiabilité des informations diffusées ou la compétence des créateurs. Pourtant, la désinformation en ligne influence profondément le débat public haïtien, souvent marqué par les rumeurs et la manipulation.

Le cas chinois invite donc à réfléchir à un modèle d’équilibre : comment garantir la liberté d’expression, essentielle à une société démocratique tout en encourageant la responsabilité des influenceurs lorsqu’ils abordent des sujets sensibles (santé publique, politique, économie, sécurité) ?

Une piste pour Haïti

Plutôt qu’un contrôle étatique strict, Haïti pourrait s’inspirer de modèles collaboratifs :

– création de chartes de déontologie pour influenceurs,

– formations médias sur la vérification des sources,

– partenariats entre influenceurs et experts pour crédibiliser l’information.

L’enjeu n’est pas d’imposer le silence, mais d’apprendre à mieux parler – avec rigueur, responsabilité et conscience de l’impact que peut avoir une parole en ligne.

La décision chinoise illustre la montée d’un nouveau paradigme : celui de la qualification de la parole numérique. Si en Chine elle prend la forme d’un contrôle politique, ailleurs, elle pose une question universelle : à l’ère de l’influence, qui a le droit de dire quoi – et sur quelle base ?

Oggi Regis

Fondateur & PDG de Bèlide Magazine | Brand Designer

Related post

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *