Le Bois Caïman renaît de ses cendres

Une foule en ébullition, des cœurs en émoi, à La Réserve, une ardeur oubliée a repris vie. Le 14 Août 2025, soit 234 années après, la cérémonie du Bois Caïman s’est vue commémorer sous les chants d’une nation meurtrie mais résiliente : La nation Haïtienne.
Alors que le soleil tapait les plus robustes, La Dessalinienne, entonnée rigoureusement, annonçait le début d’un festival symbolique. Stéphanie Sophie Louis, vêtue en “Karabela”, guidait le public tout au long du voyage transcendant qu’était cette activité. Quelque part, au milieu de Pétion ville, un hommage digne de ce nom était promis aux ancêtres Haïtiens.

Trois personnalités publiques – Ginette Chérubin, Richcarde Célestin et Stéphanie S. Louis partageant le désir commun de contribuer à l’émancipation de leur peuple étaient réunies à la table ronde, dans l’ultime but d’inviter les Haïtiens à revoir l’importance, l’impact et la raison du cérémonie du Bois Caïman qui avait eu lieu dans la nuit du 14 au 15 Août 1791. “Bwa Kayiman pat jis yon seremoni, se te yon ak rebelyon menm!”, tels étaient les mots de Stéphanie S. Louis, lors de son intervention au cours de la conférence qui explorait trois aspect de cette nuit décisive : Mémoire, Leçon, Action.
Appuyé par celui de Madame Ginette Chérubin et de Monsieur Richercarde Célestin, le discours de la modératrice avait su pénétrer au plus profond de chaque personne présente, les poussant par la même occasion à remettre sur tapis leur conception de cette cérémonie qui, depuis leur petite enfance, ne cessait d’être présentée sous un tableau purement disgracieux.

Après cette séance d’introspection et de retrospection, l’atmosphère avait pris une ambiance beaucoup plus légère. Après un spectacle pas trop long, la musique devenait plus dense, les corps mouvaient au rythme des tambours. Par ci, se trouvait un temple où était logé un livre sacré où écrivaient leurs noms, ceux qui se sentaient prêts à renouer avec leurs racines les plus profondes ; par là, des peintres, d’un génie Créole, redonnaient vie à leurs vaillants ascendants avec des couleurs téméraires et des croquis spontanés. Sur chaque visage, sur chaque trait, se choyaient une sérénité certaine et surtout une envie puissante de s’affirmer non seulement en tant que noirs, mais aussi en tant qu’Haïtiens. À noter qu’il y avait aussi des « live painting » avec plusieurs artistes dont Vicky O!

Un nouveau regard
Après une telle festivité qui redorait les vestiges d’un passé douloureux mais pas moins honorable, il était plus qu’évident que dorénavant, certains principes, certaines croyances et habitudes devaient être jetés aux oubliettes. La cérémonie du Bois Caïman ne doit plus être considérée comme un acte de barbarie, mais plutôt comme un cris déchirant, lacinant ; un “non” radical à l’oppression, un rappel à notre source, et surtout, comme la pierre angulaire de la liberté Haïtienne.
Le temps de gloire est là, 234 années plus tard. Cependant, une chose est essentielle, même vitale à cette dite gloire : “L’Haïtianisation”. L’heure est venue pour les Haïtiens de se rappeler de leur identité, de leurs accomplissements, d’embrasser leur souveraineté et tout ce qui vient avec. L’heure est enfin venue pour le Bois Caïman de reprendre vie à partir de ses cendres éparpillées dans le cœur des nègres Créoles.