“Pour beaucoup d’entre nous, les maths n’ont jamais été une tasse de thé. Gen nan nou ki konn 1+7=8 se gras ak Steeve J. Bryan. Alevwa pou “Trigo”, “Nombres complexes” ak tout lòt pati nou pa menm konn non yo”.
Nous avons pris la largesse de débuter cet article par des propos recueillis anonymement pour vous expliquer le problème qui se cache derrière cette affaire de maths.
Richard : “Dòk la, si se pa t ou m pa t ap pale non. Paske moun ki konnen m yo p ap panse sa. Depi m piti m pa ka li lè nan mont. Matematik avè m fè 2. M pa janm ka konn kòb non jan w wè m la. Se sa k fè frè m nan ap pase sou mwen nan biznis la tou. M fè kòmsi m pa konnen Men se jis pou yo pa konprann pwoblèm mwen”.
Violeta : “Sèlman pa site non m”.
Jounalis nou an (notre journaliste) : “Nou klè sou sa. Ou mèt pale”.
Violeta : “M pa janm di moun sa. Yo jis panse se pwoblèm mwen gen ak matematik. Men sa pi grav wi. M pa konn dwat ak goch. M pa vrèman ka konte alevwa pou rezoud pwoblèm dòk”.
Point n’est besoin de vous confirmer que Violeta et Richard sont des noms d’emprunt. Mais si l’on vous disait qu’il se peut que nos interviewés, loin d’être des sots, souffrent de ce qu’on appelle la “dyscalculie” et qui, malheureusement, est sous-diagnostiquée chez nous ? La dyscalculie en soi est un trouble de l’apprentissage spécifiquement en rapport aux chiffres.
Vous avez sans nulle doute rencontré celui que l’on appelle le “cancre” de la salle. Il n’est pas mal en affaires de lettres : grammaire, vocabulaire, élocution, tout lui sied. Pourtant, quand il s’agit de chiffres, il se perd. C’est le genre d’élève qui ne pourra pas te donner l’heure, celui qui prononcera 2022 “deux-cent deux deux” et qui ne pourra pas effectuer la plus simple des opérations. Notre culture veut que nous l’appelons crétin, tapi au fond de la salle et raillé par ses professeurs et ses camarades. C’est le genre d’écolier dont les parents ne sont pas fiers dans la majorité des cas et dont l’étiquette de “sòt” bâillonnera sa confiance en soi. La preuve ?
Richard : “Ahh. Paran m te tèlman konn rele m sòt devan tout moun m fini pa kwè. Kounya w ap di m se pa sa dòk. Men sa gentan rive. Gade la sa k ap rive m ak frè m nan. Paske nan tèt li tou m twò sòt pou m jere lajan m. E se vre”.
Le fait est que nous devons sortir de cette croyance farfelue que tout élève ne pouvant pas suivre ses pairs est un truand sans ambitions qui rechigne à faire le moindre effort. L’origine de la dyscalculie n’est pas bien établie à ce jour, hérédité, anomalies au niveau du cerveau, plusieurs théories ont été avancées. Mais ce qui est sûr c’est qu’adultes, les troubles des dyscalculiques persisteront quoique dans de nombreux cas ils ont l’air normaux. De toute façon, du moment qu’il n y a pas de chiffres qui entrent en jeu, ils sont zen. Sont-ils condamnés à rester ainsi ? Grand Dieu non.
Le premier pas sera de les faire diagnostiquer par un professionnel de la santé, précisément un orthophoniste, un psychologue ou un neuropsychologue. Celui-ci, à travers des séances régulières, va aider l’enfant à progresser. De même pour vous en tant que parents, des exercices simples présentés comme des jeux à effectuer journalièrement comme compter le nombre de fruits rouges, de gourdes et autres contribueront à améliorer son état. Le fait est que plus on a la prise en charge tôt, plus les chances de l’enfant de pouvoir couvrir ses capacités augmentent. Mais attention, “Pa fè foulay pou n di nou “dyscalculiques” paske n pa ka trase koub la oubyen fè “exponentielle” paske n pa t swiv kou a”. Dans ce cas, ce n’est pas un psychologue qu’il vous faut mais si vous connaissez ce hit du moment, vous serez à même de le fredonner avec nous : “Parese, leve pou w fè exo”.
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