Quoique je partage, tu en as à redire. Tu es passé de “Foli l genyen” pour mes bons moments, “Li menm ki chèche l” pour mon viol, jusqu’à “Li gen kraze sou li” sous la photo de ma fille de 12 ans ! Le problème ? C’est exactement ce que tu pianotes sur ton clavier.
Qu’on le veuille ou non, les réseaux sociaux charment par la proximité qui s’y installe ainsi nous ne nous sommes pas étonnés que, d’années en années ils soient devenus le berceau où tout le monde s’est offert une place. Mais à force de vouloir garder cette dernière, cela nous pousse à nos pires retranchements et l’on ne s’étonnera pas du nombre de dérives effectuées juste pour voir grimper les deux icônes de toutes les folies : Vues et Likes.
La bulle de commentaires quant à elle, regorge de tout et nous présente malheureusement un sombre tableau de notre société. C’est le lieu où le sexisme, le racisme, la culture du vol et du viol, la jalousie et la méchanceté, mais aussi les règlements de compte sont à leur apogée. C’est aussi l’endroit où tout est passé en dérision. Postez vos traumatismes émotionnels et vous verrez de tierces personnes qui en feront la “blague de l’année” et ce qui devrait nous révolter se trouve déformé en “amusement de la galerie” de telle sorte qu’en fin de compte il n’y ait pas de suite. Et c’est compréhensible. Les blagues sont conçues pour provoquer le rire et non pas pour y sévir. Où vas-tu chercher le coupable ? Si coupable il y a !
Ou toujou ap kesyone tèt ou sou anpil fenomèn jiridik nan divès sektè, sitou sektè sosyokiltirèl la⚖️ ? Ou toujou ap mande tèt ou kòman yon seri pwoblèm ka rezoud✅? Eben pou 2023, Bèlide Magazine ap pote pou nou emisyon ki rele "DWA N", sou Space Twitter… pic.twitter.com/WmEJByunNV
— BÈLIDE MAGAZINE (@BelideMagazine) December 26, 2022
Ainsi, ne vous étonnez pas si, dans cette tendance montante de “Nude pran lari”, variante du “revenge porn”, vous voyez des personnes considérées comme des modèles “soit-disant” en rire et étonnez-vous encore moins si dans la ligne de commentaires vous tombez sur ces propos :
“M gen videyo a wi. Pou sa m wè ladan l, hmmmm… Manzè gen bagay nan men l”
Et croyez-moi, vous n’êtes pas au bout de la surprise. Cliquez sur la case “Réponses” et vous verrez deux ou trois “Voye l pou mw an prive baz”. Hmmmm… twa kout soupi.
Et le coupable dans tout ça ? Coupable ! Nude la “pran lari”. À ce rythme là on penserait même que “Nude la se a pye l al deyò a oubyen l pran kamyonèt”. De toute façon, c’est ce qu’il y a à l’intérieur du fichier qui intéresse la grande majorité et non pas la tâche de retrouver celui qui “pataje nude la”.
Mais au milieu de tout ce tohu-bohu où la méchanceté prévaut maintes fois, il y a nous. Nous avec nos âmes meurtries en quête de reconnaissance, de justice pour le mal qu’on nous a fait soit personnellement ou aux autres. Il y a les personnes visées qui se sentent mal dans leur peau après un commentaire sur leur physique, mal dans leur âme après avoir été victimes de langues venimeuses qui ne jurent que par la médisance.
Mais détrompez-vous, l’icône bulle peut tout aussi être utilisée à bon escient pour punir ceux et celles pour qui “impunité” était pourtant le véritable compagnon. Il suffit de bien s’en servir. Mais, nous avons aussi des jeunes femmes et hommes qui ont préféré le suicide après avoir été prises pour cibles et c’est pour eux que nous élevons notre voix. Le moral peut ne pas être au top dans ces moments-là, mais à force de voir leur nom, la photo qu’ils ou elles ne devraient jamais partager, la vidéo qui tue ainsi que la spirale de commentaires négatifs qui les enveloppent partout, ils en sont arrivés à la ligne rouge les poussant à couper le fil de leur vie. À vous qui faites partie des “Commentateurs sans limites” qui y vont “San mil a lè”, retenez ceci : “Chak kòmantè negatif ou fè sou yon moun, chak trip pou w parèt ti bato, chak repons pirèd ou jenere, chak se yon kout kouto w bay nan lanmò moun sa”. La grande question est maintenant de savoir : “Èske w konprann sa ?” Et par dessus-tout, “Èske w prè pou w pote responsablite sa”.
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