Culture

L’aveu transformé en slogan : “nou menm men kouman nou ye…”

Nou-menm-men-kouman-nou-ye

Pas plus de cela une ou deux semaines environ, une seule vidéo circule sur tous les réseaux sociaux : “nou menm men kouman nou ye… e bouzen nou ye”, dit comme ça, cela ne peut qu’attirer l’attention. Mais avions-nous été à même de remonter jusqu’à la genèse de la vidéo en elle-même de quoi trouver finalement la vraie situation ou réalité décrite ?

Si pour beaucoup cela ne constitue qu’une simple blague, il en demeure cependant que la vidéo est purement empreinte d’une totale allée vers la dépendance juvénile, pour ne citer que cela

“Allô la police”, est-ce que ça dit quelque chose à certains ? En effet, au cours du début des années 2000 soit à partir de 2005, la communauté policière en Haïti n’avait de cesse d’opérer afin de freiner ou de stopper les activités délinquantes qui se faisaient sur tout le territoire : vols, kidnappings, viols, meurtres, prostitutions. Mais encore est-il que, jusque-là, les prostituées ne nuisent pas grandement jusqu’à ce que plusieurs d’entre elles soient capturées suite à une opération que la police menait ; les dites prostituées se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment.

Questionnées par les journalistes comme cela se faisait toujours après chaque capture, c’est là que deux d’entre elles relatent la situation, expliquant donc qu’elles étaient innocentes au sujet de l’enquête de la police qui recherchait des criminels, alors qu’elles n’étaient là que pour travailler ! “Nou menm men kouman nou ye, e bouzen nou ye, se anba lavil nou travay, se lave nou te vin lave pou yo. Pandan nou kouche n ap fè lè pou n al nan aktivite nou epi yo tou pran nou tou”.

Était-ce si mal aisé de comprendre leur situation jusqu’à les ridiculiser une dizaine d’années plus tard ; en prenant pour blague leur situation sociale ? Elles se prostituent pour de l’argent, pour répondre à leurs besoins, elles n’avaient ni volé, ni tué personne (selon leurs dires) et s’il y a bien des victimes (victimes du slogan) dans l’histoire, d’après maintes réflexions faites, c’étaient encore elles.

Mais rien n’y fait, aujourd’hui encore elles sont martyrisées et incomprises au gré de la consternation de beaucoup ! Au bureau, dans une partie de plaisir entre amis, via son téléphone à un moment quand même on entendra : “nou menm, men kouman nou ye”. Et, comme si en faire un slogan usuel n’était pas suffisant, des clips musicaux voient le jour jusqu’à cet instant à travers cette réalité si macabre…

“Cheche lavi, detwi lavi” disent certains, elles ont été emprisonnées, aujourd’hui on ne les voit plus comme des victimes mais plutôt comme des chiffonnées, des jouets…

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