Santé

L’automédication : les dangers de se soigner seul

Automédication | © Photo : Jérémie BLANCFÉNÉ

L’automédication est une pratique consistant à se procurer des médicaments sans avis médical autant pour le diagnostic que pour le traitement. Il peut s’agir d’un membre de sa famille ou d’un ami, ou encore des suggestions provenant de publicités. Phénomène favorisé par l’accès facile à l’information met en danger ceux qui s’y mettent sans qu’ils ne se rendent compte des risques.

Pas que des maux

L’automédication ne comporte pas seulement que des méfaits. En effet, elle permet de réduire la pression sur le système de santé et de responsabiliser les individus sur leur situation médicale. Une simple migraine sans récurrence n’a pas forcément besoin de l’avis d’un personnel médical. On retrouve ainsi les analgésiques parmi les médicaments les plus vendus sans prescription.

Arme à double tranchant

Cependant, les bénéfices d’une telle pratique restent limités par rapport au risque auquel fait face l’adhérent. En effet, l’augmentation de la prévalence des bactéries multirésistantes, un des problèmes majeurs dans le monde médical, provient spécialement par cette voie. En prenant des antibiotiques non adaptés à la bactérie responsable ou encore en choisissant une posologie non adaptée, la patiente permet aux germes de s’adapter aux médicaments. Ainsi, ces derniers deviennent de moins en moins efficaces. Une infection banale peut ainsi s’aggraver rapidement et se transmettre vers d’autres individus.

Un autre danger de l’automédication concerne la posologie. Trop forte, la personne risque une intoxication ou une overdose. Trop faible, l’organisme développe une tolérance qui rend le médicament inefficace. On peut encore identifier d’autres effets comme les interactions médicamenteuses, les allergies, toxicité, etc.

Pourquoi l’automédication ?

Dans une économie comme Haïti, se rendre chez un médecin peut s’avérer être au-dessus des moyens de la plupart de la population. Bien que les hôpitaux publics soient gratuits, les heures d’attente et l’hygiène en général repoussent maintes personnes à s’y rendre que dans les cas d’urgence. Il n’est donc pas surprenant de retrouver un marché pharmaceutique informel, dans toutes les rues, tap-tap et bus, rempli de vendeurs de remèdes miracles guérissant mille maux n’ayant aucun rapport les uns avec les autres.

Bien que cette vente de médicaments soit un danger pour la population, le Ministère de la Santé Publique et de la Population n’a jamais, pour l’instant, pris des mesures afin de réduire le nombre de vendeurs et d’éduquer la population sur le danger qu’ils représentent. Il faut aussi ajouter l’aspect mystique de la maladie en Haïti ; dans les milieux ruraux, bon nombre de maux sont traduits comme étant soit un maléfice du voisin, soit une malédiction des « loas ». De ce fait, il faut suivre des traitements spécifiques provenant de docteurs feuilles ou “ougan/manbo” du village pour s’en sortir. Cette situation permet à l’affection de s’aggraver, l’individu ne se rendant à l’hôpital qu’en dernier recours. Que ce soit les infusions de thé ou des concoctions totalement dangereuses, elles mettent toutes les personnes en danger de perdre un membre, certaines facultés ou même leur vie.

L’automédication est un phénomène mondial qui pèse lourdement sur le système de santé mondial. Combattre ce fléau, dans le contexte économique et culturel de certaines nations restent un défi à identifier et à relever pour des systèmes de santé diverses.

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