La femme, considérée comme étant mère de la création, est l’un des sujets centraux de la musique d’aujourd’hui. Et d’ailleurs, ce qui a toujours été le cas. Autrefois, elle était chantée pour sa beauté, ses qualités et ses vertus ; c’est comme s’il y avait un tel respect pour elle qu’on faisait attention à sa personnalité. La femme était valorisée non pour son apparence physique mais pour ce qu’elle est, ce qu’elle représente. Mais aujourd’hui, point n’est besoin de parler du respect à son égard. Souvent présentée comme étant un objet sexuel, une machine à tromperie et dépendante de l’homme, elle est dépeinte de façon négative. Dans notre culture, la misogynie constitue l’une des plus grandes toiles de fond des textes de nos artistes. Cependant, faut-il bien reconnaître que certains parmi eux ou disons certaines musiques font l’exception.
À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme le 08 mars, le producteur Zazou Beats a sorti une musique titrée “Fanm kreyòl” mettant en vedette la femme haïtienne de façon contraire à la tendance du moment. Sous la voix et la plume d’Elder Charlot, cette chanson avec un son (rythme, beat) à la couleur locale imprégnée d’une touche d’Afro, fait éloge des “fanm kreyòl” en tant que femmes de courage, belles et pleines de qualités. Le choix du rythme, d’après ce qu’a expliqué le producteur, montre la forte liaison existant entre l’Afrique et Haïti. Dans le texte de cette musique, disponible sur toutes les plateformes, il est fait mention du rôle qu’a joué la gent féminine dans la libération d’Haïti du joug de l’esclavage ; ce qui lui a fait marquer l’histoire du monde.
Il faut reconnaître que dans le texte, l’auteur tend à garder une certaine originalité culturelle. Il décrit la “fanm kreyòl” comme étant une Freda. Dans la culture haïtienne, cette dernière est un des loas (lwa) ou esprits du vodou à qui on attribue la beauté et l’amour, et qui est représentée le plus souvent sous l’apparence d’une très belle mulâtresse au déhanchement sensuel et provocateur, couverte de bijoux et de parfums. Ce qui est propre au sexe féminin. Cela laisse voir que non seulement l’auteur vend la femme comme une œuvre d’art, fleur rare, ou du moins comme ce qu’elle est mais vend en même temps sa culture.
On y voit aussi citer Madan Sara, Manbo, Fanm saj, des métiers minimisés par la plupart, qu’il a décidé de mettre sous le feu des projecteurs. Et un peu plus loin il dit : “kit se nan kay, dèyè biwo, fanm ayisyèn s on lòt nivo”, une façon pour lui de dire que peu importe la position occupée par la femme, qu’elle soit femme de maison, femme au foyer ou femme au bureau, elle mérite d’être valorisée. Car ce n’est pas le titre ou la position qui fait la femme mais ce qu’elle est.
Promotion de la culture locale, valorisation de la femme haïtienne, fierté ; voilà en résumé ce qui constitue “fanm kreyòl”.
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