
FIEF : Plus de deux ans à faire entendre la voix des femmes haïtiennes

Elles ne réclament pas l’impossible. Juste l’essentiel : être vues, entendues, outillées. Depuis un peu plus de deux ans, l’Organisation FIEF s’engage à faire émerger ces voix de femmes longtemps réduites au silence. Ce combat, elles le mènent avec détermination, douceur et stratégie. Parce qu’en Haïti, transformer la société commence souvent par une simple prise de parole.
Elles arrivent souvent sur la pointe des pieds. Certaines n’ont jamais pris la parole en public, d’autres n’ont jamais vraiment été écoutées, tout court. À FIEF, ils ne leur demandent pas de venir avec des réponses, mais avec ce qu’elles ont : leurs silences, leurs doutes, leurs rêves encore flous. Et c’est là que tout commence.
Depuis un peu plus de deux ans, FIEF travaille avec ce que le pays a de plus précieux mais de plus négligé des fois: les femmes et les jeunes filles. Celles qu’on a habituées à rester en arrière, à douter d’elles-mêmes, à se contenter. À travers des forums, des ateliers, des causeries de proximité ou des programmes de bourses, l’organisation a directement accompagné plus de 500 d’entre elles. Des chiffres, oui. Mais surtout des trajectoires réécrites.
D’ailleurs les exemples ne manquent pas. Prenons ce groupe de jeunes filles qui, grâce au programme de bourses en secrétariat bilingue, effectuent aujourd’hui des stages dans des institutions dans le cadre de leur formation. Ou encore cette jeune femme, timide, presque invisible, qui après une formation en art oratoire, pense aujourd’hui à lancer son propre podcast. Ce n’est pas juste une affaire de formation. C’est une histoire de transformation.
Mais tout n’est pas simple. Les obstacles sont là : manque de financement régulier, résistances sociales, difficultés d’accès aux zones rurales… FIEF avance malgré tout, avec une détermination discrète mais constante tout en composant avec la réalité haïtienne.
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Et quand on parle d’avenir, ce n’est pas pour faire joli. FIEF prépare activement le lancement d’un programme de mentorat intergénérationnel et une campagne nationale sur les violences économiques faites aux femmes dans le but d’étendre son champ d’activités aux dix départements. L’objectif est clair : 2000 femmes formées d’ici 2026, 3 forums nationaux organisés, 20 podcasts produits, et surtout, un réseau de mentors et de communautés actives sur le terrain. À Port-au-Prince, dans le Sud, dans l’Artibonite et jusqu’à la diaspora.
Et oui, vous avez bien lu car même à l’étranger, des femmes et des hommes croient en ce travail. Depuis le Canada, la France ou le Cameroun, ils traduisent, rédigent, partagent, connectent. La solidarité se tisse peu importe la distance.
Pendant ce temps, sur le terrain, les formations continuent. Les causeries se tiennent, les affiches se collent et les voix s’élèvent. Même dans les zones où la connectivité est faible, les podcasts circulent.
Ce n’est pas juste une histoire de projets ou de chiffres. C’est une question de vision. Celle d’un pays où les femmes ne sont plus une case à cocher, mais une force à reconnaître. Une société où l’inclusion ne se décrète pas, mais se construit, pas à pas, avec patience, courage et cohérence. Et FIEF, avec ses moyens, son audace et son humanité, en est déjà la preuve vivante.