18 novembre 1803, en pleine révolution pour la libération de l’ancienne colonie française, les derniers soldats de Rochambeau capitulent devant l’armée dirigée par Dessalines, au Cap Français, à fort Vertières, scellant la fin d’une guerre inédite qui allait consacrer l’indépendance de la première république noire. En 1953, sur le site de cette bataille, à Vertières au Cap-Haïtien, est érigé un monument historique qui sera classé plus tard, en 1995, patrimoine national. Que dire ?
À côté de la Citadelle Laferrière, Le Palais Sans Souci, le Musée du Panthéon National d’Haïti, le rara (oui, le rara), Vertières est un patrimoine national notoire. Cela signifie, que Vertières – comme tous nos patrimoines culturels, historiques – est un élément important, un composant de notre culture et surtout de notre histoire qui mérite d’être sauvegardé et transmis aux générations futures. De là doit partir toutes nos actions et perceptions sur nos différents patrimoines.
Qu’il soit culturel, naturel, historique, immatériel, un patrimoine est ce qui doit être protégé, partagé, conservé et respecté. Le patrimoine est un témoignage vivant du passé, un voyage dans le temps, une responsabilité présente et un regard vers l’avenir. Il représente un élément de cohésion sociale et culturelle qui peut améliorer notre conscience collective et intégrer la connaissance universelle en se faisant connaître ailleurs. Le patrimoine pousse à l’admiration : un lieu historique appelle à la connaissance de son origine et de son passé, une pratique culturelle, un art symbolique nous fait partager des émotions et nous unit, sans même nous en rendre compte ; un patrimoine naturel comme le Bassin Bleu du Sud Est nous voue à l’admiration et au respect de la nature…
Si nous revenons à Vertières, patrimoine national haïtien, témoin de la bataille historique décisive sacrant notre victoire et notre indépendance sur la métropole, nous pouvons dire qu’en plus du monument qui reflète notre gratitude et notre admiration envers les héros ayant combattu à ce site, la place ramène une histoire, un héritage à conserver, à protéger et à faire valoir de tous. Préserver un patrimoine historique revient à le réhabiliter et l’entretenir pour que le temps ne lui fasse pas perdre de sa valeur, tout en conservant sa “substance symbolique”. Cela revient aussi à le partager, à l’enseigner aux générations futures afin qu’elles prennent conscience de cet héritage et le fassent perdurer dans le temps et dans l’objet mais aussi le partager avec le monde afin de le rendre universel.
Instaurer dans la mémoire d’un peuple son histoire, ses acquis ; reconstruire un imaginaire collectif tout autour, préserver au prix fort cet héritage et le transmettre. 1803 – 2023 : Vertières, 220 ans, c’est plus qu’une place où l’on s’assoit quand le soleil disparaît, plus qu’un parc commémoratif monumental avec des monuments vandalisés dont les restes ne disent presque plus rien aux nouvelles générations, plus qu’un site où les visiteurs prennent des photos pour témoigner leur passage dans la ville victorieuse… plus que tout cela, Vertières est un patrimoine à conserver, à protéger, à préserver. Visiter Vertières, écouter son histoire, s’asseoir à cette place, redire cette histoire, la porter ailleurs et surtout la vivre, au quotidien, c’est faire mémoire, c’est faire honneur, c’est faire histoire, c’est faire Vertières.
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