Cher Mikaben,
Nous ne savons pas par quel mot introduire cette lettre, nous ignorons aussi comment l’écrire, comment va t-elle arriver à destination et quel message nous devons t’y adresser.
Avant même de toucher notre plume et de laisser parler notre encre, nos sentiments ont commencé à se mélanger. Sommes-nous tristes ? Nous ne savons vraiment pas. Nous devons t’avouer que ton vide est encore là, ton sourire nous manque ; même si ta voix résonne encore dans nos têtes, nous avons encore le mal d’elle. Avons-nous la joie au cœur ? Dire que nous sommes joyeux, n’est pas le mot le plus approprié mais savoir que là où tu es tu veilles sur nous, que tu vis encore en nous et que t’es probablement déjà en train de lire cette lettre, calme un peu notre douleur et nous fait au moins sourire.
Nous nous disons que là où t’es au paradis, tu vois tout. Pourtant, cela n’empêche pas que nous nous permettons de te faire un résumé ou devrait-on dire, un compte rendu des faits passés en ton absence.
Bon nombre de fois, nous nous sommes déjà dis que « si nou (m) te gen zèl » tankou yon zwazo nou ta vole, pa pou al keyi zetwal nan syèl men pou mennen w tounen pami nou paske nou poko e nou pa kwè ke yon jou n ap ka aksepte ke « ou pati ». Mais là, malgré nous, nous devons arriver jusqu’au bout de cette missive. Il est fort possible que nous ne te disions pas tout mais nous espérons que tu pourras « Kenbe m (nou) » jusqu’à te dire l’essentiel.
Ta femme, Vanessa, est une battante. Ça, nous pensons que tu le savais déjà. Mais ton absence n’a fait qu’augmenter sa force. Même si comme elle le dit, ce n’est pas facile pour elle, on la voit se battre chaque jour pour vos trois bijoux, elle sourit et fait de son mieux pour garder en vie ton héritage. Tu ne t’es pas trompé sur elle, elle était vraiment ton Ève.
Gaby, lui, a hérité de ton humour. Il réfléchit déjà comme un homme. Il a une fois parlé d’un projet de fondation qu’il a pour aider les plus faibles, en particulier les enfants; encore dans l’idée de faire comme toi, son père.
La petite Léïa est si jolie et très intelligente. Il y a une vidéo d’elle chantant « Marry me », ton chef-d’œuvre, qui a obtenu plein de vues sur Instagram. Elle sait compter, lire et peut même identifier les couleurs. Ta deuxième fille, Maïa, ressemble un peu à son oncle T-Lion. Elle grandit très vite et pourra bientôt être comme sa sœur aînée. Vanessa assure avec elles. Elle est une très bonne mère.
Ton père, ta mère, ton frère, ta sœur et tes autres proches portent encore en eux les cicatrices de ton départ tant regretté mais font de leur mieux pour s’en sortir. Ils parlent encore de toi comme si t’étais présent physiquement.
En ce qui a trait à la musique, tu aurais été ravi et fier de voir le travail de nos artistes cette année. De nombreux projets que tu aurais aimé et sur lesquels t’aurais peut-être collaboré sont sortis et sont très appréciés du public : le groupe Zafèm a fait fort avec son album « Lalin ak Solèy (L.A.S) ». Composé de 16 titres, ce projet fait parler du duo (Réginald Cangé et Dener Ceide) depuis Mai dernier et lui a fait faire le plein au Billboard Chart. Vayb lui, n’a pas voulu laisser le champ libre. Après 5 ans d’attente, comme une réponse à l’appel de détresse de son audience réclamant un autre album, il a offert « Mayday » au public. Il y a Medjy, qui a choisi de le faire en solo avec son projet « 48 Rebecca » qui compte 10 titres. On y a découvert un Medjy très original, un peu détaché de l’artiste de la bande Enposib. Tafa quant à elle, nous fait découvrir chaque jour une autre partie d’elle. Dans son EP « Phoenix : Rising From The Flame », on ne retrouve pas la Thafaïna d’avant mais une Tafa, attachée à ses racines, originale et plus déterminée que jamais. Darline fait aussi parler d’elle avec « Fas a Fas »… D’autres projets et de nombreuses musiques ont aussi vu le jour dans l’industrie musicale haïtienne (HMI). Pour de nombreux internautes c’est l’année la plus productive pour le secteur de la musique.
Il faut qu’on te dise aussi que le pays que t’as toujours aimé (Haïti) n’a pas changé, sa situation a même empiré. Nous croyons que si tu le pouvais, tu aurais intercédé pour lui et aurait déjà demandé à Dieu de « Fè l fè lapli » pou lave tè a e pou bon grenn yo ka pouse.
Aujourd’hui, si tu étais encore là, tu aurais eu 42 ans (c’est en quelque sorte la principale raison de cette lettre). Malgré ton absence, de nombreuses personnes pensent à toi. Des photos et des vidéos de toi avec « joyeux anniversaire » comme légende (caption), sont postées sur les réseaux sociaux. Dimanche dernier, toujours avec la couleur jaune, comme à la célébration de ta vie, des ballons ont été lancés vers le ciel en ton honneur. Il est impossible de t’oublier Mika.
On se demande si tu souris encore, si t’as déjà chanté pour les anges là-haut, si t’as déjà parlé de nous et si tu aimes encore ton pays. Ton parcours sur terre a touché à sa fin et maintenant c’est malheureusement aux autres qui sont avec toi au paradis, de jouir de ton talent et de bouger au rythme de tes sons.
Pour ta sœur et ton frère, tu es un ange, ils croient que tu veilles encore sur eux et nous y croyons tous. Saches que tu vis encore en nous et que nous ne t’oublierons jamais ; ni aujourd’hui, ni demain, ni même après-demain. Tu es là dans nos cœurs, près de nous et avec nous. Tu nous manques Mika.
Joyeux anniversaire à toi là où tu es !
Bèlide Magazine
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