L’expression « tu n’es pas mon type » est couramment utilisée dans les relations amoureuses pour signifier un manque d’attirance ou une incompatibilité perçue. Derrière ces quelques mots se cache une réalité bien plus complexe : nos préférences en amour ne sont jamais totalement instinctives, elles sont façonnées par un ensemble de normes sociales, d’influences culturelles et de conditionnements personnels. En Amérique, en Europe et des pays comme en Haïti, les critères qui déterminent l’attirance varient, influencés par les attentes familiales, les médias et les expériences de vie. Mais que signifie réellement cette phrase ? Est-ce une simple question de goût personnel ou une reproduction inconsciente de stéréotypes sociaux ?
L’attirance : entre normes culturelles et conditionnements sociaux
L’attirance n’est jamais totalement aléatoire ; elle est le fruit d’un processus d’apprentissage qui commence dès l’enfance. Selon le psychologue Robert Sternberg, l’amour repose sur trois piliers : l’intimité, la passion et l’engagement (The Triangular Theory of Love, 1986). Pourtant, au-delà de cette dimension émotionnelle et psychologique, nos préférences amoureuses sont fortement influencées par les modèles que nous avons intégrés à travers notre éducation, notre environnement social et les représentations médiatiques.
Dans certains contextes, notamment en Haïti, des critères tels que la couleur de peau, le statut social et le niveau d’éducation jouent un rôle central dans le choix d’un·e partenaire. Dans les sociétés occidentales, des plateformes comme Tinder ou Bumble ont renforcé l’importance de l’apparence physique et de la conformité aux standards de beauté dominants. Une étude publiée dans Personality and Social Psychology Bulletin (Finkel et al., 2012) montre d’ailleurs que les préférences en matière d’attirance sont souvent influencées par des représentations sociales préconçues et non uniquement par un choix rationnel ou spontané.
« Tu n’es pas mon type » : entre goût personnel et biais inconscient
Dire « tu n’es pas mon type » sous-entend l’existence d’un idéal prédéfini de ce que devrait être un ou une partenaire. Mais cet idéal est-il réellement le reflet d’un choix personnel, ou est-il dicté par des influences extérieures ? Dans l’émission américaine « Pop The Balloon», diffusée sur les réseaux sociaux repris par des pays comme Haïti, qui met en débat des jeunes sur des sujets de société, il apparaît que les critères amoureux sont souvent dictés par des attentes normatives : un homme doit être ambitieux et financièrement stable, tandis qu’une femme doit correspondre à un idéal de féminité précis. Ces représentations sont le fruit d’une construction sociale qui réduit l’attirance à des critères standardisés, écartant toute diversité et spontanéité dans le choix amoureux.
La philosophe Simone de Beauvoir illustre bien cette idée avec sa célèbre citation : « On ne naît pas femme, on le devient » (Le Deuxième Sexe, 1949). De la même manière, on pourrait dire que nos préférences amoureuses ne naissent pas avec nous, elles se construisent sous l’influence de notre environnement et de nos expériences.
Quand « tu n’es pas mon type » devient une barrière sociale
Au-delà de l’individualité, les critères de sélection amoureux sont également des marqueurs sociaux. Dans certaines sociétés, les différences de classe sociale, d’origine ethnique ou même de morphologie peuvent être des motifs de rejet déguisés sous l’argument de la préférence personnelle. Par exemple, le colorisme, une forme de discrimination fondée sur la couleur de peau au sein d’un même groupe racial, est un facteur influençant les choix amoureux, notamment dans les sociétés ayant un passé colonial marqué les États-Unis. Selon une étude menée par Hunter (2007) sur le colorisme dans les relations amoureuses, les individus à la peau plus claire sont souvent perçus comme plus désirables, un héritage des normes coloniales encore profondément ancrées dans l’inconscient collectif.
De même, le phénomène de l’homogamie sociale (Kalmijn, 1998) révèle que les individus tendent à choisir des partenaires issus du même milieu socio-économique et éducatif qu’eux. Ainsi, le rejet d’un ou d’une partenaire sous prétexte qu’il ou elle n’est « pas notre type » pourrait être une reproduction inconsciente de barrières sociales déjà existantes.
Faut-il repenser nos critères amoureux ?
Si dire « tu n’es pas mon type » semble être une simple affaire de goût, il est essentiel de s’interroger sur l’origine de nos préférences et sur leur impact. Sommes-nous réellement libres dans nos choix amoureux, ou sommes-nous influencés par des modèles que nous avons inconsciemment adoptés ?
Dans un monde en perpétuelle évolution, il serait peut-être temps de questionner nos propres biais et d’ouvrir notre vision de l’amour à plus de diversité. Comme le disait Oscar Wilde : « Aimer, c’est se surpasser. » Et si, au lieu de dire « tu n’es pas mon type », nous nous demandions : « Et si mon type, c’était justement quelqu’un que je n’avais jamais envisagé ? »
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