Esprit libre ou libertin ? Je revendique le premier et tu me qualifies du second mais tu sembles oublier que toi non plus tu n’es pas un saint. Si tu as déjà essayé l’un de mes slogans, tu ne devrais pas me juger. On commence : “Kwense moun met moun, jodi Jedi se jou ?” Alors, qu’est-ce que ça donne ? Timoun 2000, simple slogan ou l’annonce d’une guerre entre générations ?
Combien de fois a-t-on vu ces genres de commentaires sous une publication : “Sa pa fouti pa yon timoun 2000” ?, tellement que c’en est devenu presque péjoratif de se faire appeler ainsi. Avides de sexe, sans pudeur, se laissant mener par l’argent, corrompus, telle est malheureusement la description qui leur est attachée. Cette génération dit-on n’a aucun respect pour ses aînés et ne s’attache à aucune valeur, aucun principe non plus. Les réactions n’ont pas tardé à fuser. Ces derniers accusent leurs aînés de coincés, mal épanouis et ne voulant pas admettre qu’ils sont des ratés. On dirait bien qu’une guerre s’est déclenchée en douce sur les réseaux sans que nous ne nous en rendions compte.
Où est le problème ?
Vous l’ignorez peut-être mais sans crier gare cela a enclenché une campagne de dévalorisation de ces enfants et adolescents surtout les filles car ce sont elles les plus ciblées malheureusement. Voleuses de maris, sans respect pour l’amour, la liste d’attributions malsaines est longue.
Quelles en sont les conséquences ?
De prime abord cela peut paraître anodin, de toute manière qu’y a-t-il de mal à sortir le slogan du moment à tout va ? Mais derrière cette apparence inoffensive se cache une menace beaucoup plus grande. À force de se faire qualifier ainsi, une grande majorité va s’identifier à cette description et la trouver cool puis normale. Cette normalisation va s’étendre à un point tel que d’années en années chaque enfant va trouver normal d’agrandir le lot et de se ployer à cette étiquette. N’avez-vous pas commencé à lire ces publications : “Fière d’être timoun 2000” ? Et ceci avec tout ce qui se cache derrière.
Qu’en est-il en réalité ?
Soyez honnêtes et ne vous voilez pas la face car l’effritement des valeurs ne s’est pas fait en un ou deux ans. Du fait que vous soyez nés en 1999 et l’autre en 2000 cela vous met dans des cadres différents ? Il devient plus facile de communiquer, de sortir et d’accéder à des informations, de même qu’un enfant qui grandit fait face, très jeune, déjà à des sujets qui longtemps étaient tabous. Combien de blagues ou de publications en rapport avec le sexe partageons-nous quotidiennement ? Avec son smartphone entre les mains, il y a accès. Qui partage ces publications ? Seulement des “timoun 2000” ? Ces “timoun 2000” comme on les appelle fricotent-ils seulement avec leurs pairs ? On aimerait vraiment avoir une réponse franche à ces interrogations.
Que conseille-t-on ?
L’essentiel, c’est de se mettre au dessus de ce perpétuel mouvement de critiques. On dirait qu’on est passés du sempiternel “granmoun yo echwe” et quand nous, nous avons grandi, loin de mûrir nous culpabilisons les plus jeunes. Et nous dans tout ça ? Notre devoir premier est d’éduquer les cadets et de leur offrir un modèle à suivre car c’est le cas de le dire, nous manquons de modèles. Et à vous les cadets qui vous estimez fiers d’être des “timoun 2000”, ne le soyez pas pour ce semblant d’esprit libre qui vous plonge dans le gouffre mais travaillez plutôt à être une génération sur laquelle on pourra compter car elle sait ce qu’elle est et où elle doit mener le monde.
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