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La mode (lamòd) en Créole

Design de la styliste Stella Jean
La question de l’hypermodernité dans laquelle nous évoluons nous emporte tous dans son comble absurde de la destruction du futur de l’humanité. Bien que, d’une manière simple, elle apporte confort à l’homme du fait de sa façon à rendre les tâches plus simples et la vie plus facile. L’hypermodernité fille jumelle de la globalisation qui, dans sa version des faits, supprime le pluralisme au profit d’un singularisme pur et simple du monde. C’est-à-dire, la diversité au profit de la monotonie.

L’humain, pour avoir du confort, doit être en équilibre avec la nature, mais surtout avoir à sa disposition des éléments de supports aux besoins. Ces éléments répondent de manière unilatérale aux besoins, aux désirs de la personne. Dans cette démarche, le soin du paraître en est un des éléments dans le confort. Toutefois, le confort que l’hypermodernité nous apporte n’est pas toujours conforme à la nature elle-même.

La mode est cette grosse industrie qui, selon les rapports de recherches, rapporte plus que l’automobile et la télécommunication dans le monde. Elle touche toutes les couches et leur permet de les différencier l’une de l’autre. Le dicton nous dit que l’habit ne fait pas le moine, mais on peut identifier un moine à travers son habit. C’est ce que David (1993) nous a fait comprendre quand il a dit que la mode permet aux individus de définir leur identité.

La mode, bien qu’elle nous rende belle et beau, bien qu’elle nous fascine et nous permet de s’identifier par rapport à l’autre, elle compromet aussi l’avenir de l’humanité dans la mesure où, son côté consommation rapide et jetable (fast fashion) pèse très lourd sur le changement climatique. La mode à cette facilité à (re)dessiner notre paraître, à (ré)inventer notre vision sur le monde et la nature. La « fast fashion » domine l’industrie textile depuis les années 1990 et encourage la surproduction et la surconsommation causant ainsi des impacts sociaux et environnementaux sans précédent (Compaoré, 2019).

La dynamique fast fashion tue à la fois d’un point de vue économique, sanitaire et écologique. C’est ce que Compaoré (2019) nous a présenté dans son travail, “l’industrie textile est entachée de multiples scandales notamment sociaux et environnementaux : le scandale sur l’utilisation de cotons transgéniques par les marques C&A et H&M (Caniato et al., 2012) ou encore l’effondrement en 2013 du Rana Plaza, bâtiment qui abritait des ateliers de confection textile et qui a fait plus de 1000 morts ; les ateliers y étaient insalubres et les conditions de travail inhumaines ; la production effrénée est remise en cause (Hobson, 2013)”.

Pourquoi pas une mode en Créole ? Ou mieux encore, une mode vodou ? Merceron et Yelkouni (2012) nous dit que le vodou, dans son sens large, comme culture haïtienne, propose une harmonie du mode de vie de l’homme avec la nature. Cette harmonisation peut aussi être prise dans notre consommation. Il est donc important de faire un plaidoyer pour une mode Créole, autrement dit, le slow fashion. Celle-ci va non seulement participer à la politique de la protection de l’environnement, mais du même coup un booster à l’économie haïtienne.

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