Un jour, ma mère m’a regardée droit dans les yeux et m’a dit : « Si tu veux être une femme libre, apprends à faire une sauce béchamel et tes déclarations d’impôts ». À l’époque, j’ai ri nerveusement en pensant qu’elle venait d’inventer un nouveau concept de yoga mental, et surtout que selon moi cuisine ne rimait guère avec administration… Mais avec le recul, plus tard je me suis vraiment retrouvée à me poser la question : « peut-on vraiment être indépendante tout en étant une pro de la vie domestique ? » Spoiler : ça dépend de votre définition.
La femme indépendante, réalité ou fiction ?
On l’aura compris, sur Netflix, dans les bureaux, à l’accueil de l’administration, en entreprise, c’est facile de repérer le personnage qui joue la femme indépendante. Elle portera, des talons aiguilles (même à 6h du matin), aura une carrière brillante, trouvera toujours le temps d’aller boire des verres avec ses copines toutes en couple et elle non, sans oublier : pas une fois on ne remarquera une pile de linges sales chez elle !
Pourtant, dans la réalité, cette indépendance est souvent plus nuancée. Avoir un salaire, gérer sa vie, c’est une chose et c’est très bien. Mais on ne va pas se leurrer, fort souvent quand il est temps de rentrer à la maison, qui s’occupe du dîner ou des enfants et de monsieur ? Est-on encore indépendante si on doit jongler entre un dossier urgent sur la table, lunettes sur le nez, un biberon dans une main et le bébé dans l’autre qui n’arrête pas de pleurer pour sûrement tester ses cordes vocales ? Et surtout, est-on « moins indépendante » si on choisit de ne pas travailler à l’extérieur du foyer ? De part sa vision des choses notre société d’aujourd’hui a déjà tout classé ! Donc à leurs yeux la réponse à cette question est Oui !
La femme au foyer, cette magicienne incomprise
S’il y’a quelque chose dont raffole notre société, c’est les étiquettes catégoriques. Tout ça pour rappeler, que contrairement à ce que plus d’un peuvent penser, la femme au foyer n’est pas forcément l’image désuète de l’épouse en tablier qui attend son mari avec un rôti parfait (quoique, respect si c’est le cas).
Il a été documenté et expliqué que ce soient par les femmes elles-mêmes ayant assuré cette fonction ou d’autres spécialistes de la famille, que gérer un foyer, c’est un job à plein temps, avec des compétences qui rivalisent avec celles d’un chef d’entreprise. Mais tout ce laïus sur le potentiel qu’il faut pour être une femme au foyer ne servira peut-être pas à grand chose. Car, soyons honnêtes : dans une société où l’on valorise l’émancipation professionnelle, avouer qu’on est « juste » à la maison, ça fait parfois lever quelques sourcils. Pourtant, peut-on nier qu’il faut une sacrée dose d’autonomie et d’organisation pour gérer des tâches multiples et, parfois, invisibles ?
La double casquette : celles qui font les deux
Qu’aucune personne ne vienne faire de comparaison ou de rabaissement. Mais il existe beaucoup de femmes qui tentent et arrivent à conjuguer les deux : être indépendantes tout en gérant leur foyer comme une cheffe d’orchestre. Est-ce au prix de sacrifices de sommeil jusqu’à 23h? Au prix d’avoir le dos cassé à force d’enchaîner des réunions, de gérer des finances et d’arriver quand même à trouver le temps pour préparer des petits gâteaux fourrés pour la fête de l’école ? On ne sait pas, mais on sait qu’elles y arrivent. Même s’il est quand même bon de se demander si tout cela est viable à long terme.
Et si on laissait de côté les étiquettes pour mieux respirer
Finalement est-ce que toute cette tirade, et ces expériences relatées permettront de dire si oui ou non il y’a compatibilité entre femme au foyer et femme indépendante ? Moi, j’ai envie de dire qu’il faudrait respirer un peu, et que tout dépend de la définition qu’on leur donne. Et si, au lieu de coller des étiquettes rigides, on laissait chaque femme décider ce qui l’épanouit vraiment ? Car au final, peu importe que vous portiez un tailleur ou un tablier, tant que vous vous sentez bien dans vos baskets (ou vos pantoufles). Bref, lâchons les clichés et arrêtons de croire que l’émancipation est une question de choix « unique » : c’est surtout une question de liberté, c’est avant tout la femme que l’on veut soi-même être.
Et je suis sûre que si je reprenais cette discussion avec ma mère elle me dirait sûrement : « Peu importe celle que tu choisis d’être ma fille, tant que ta sauce béchamel ne fait pas de grumeaux alors tout va bien ».
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