L’amour, ce doux frisson, cette étincelle qui illumine les âmes, devrait être libre de toute contrainte matérielle. Oui, DEVRAIT ! Il devrait suffire d’aimer, d’être aimé, de se retrouver dans un regard, une main serrée un peu plus fort, un sourire, un baiser volé, un bonjour, je t’aime. Mais la réalité est bien différente : aimer coûte cher. Très cher.
Nous vivons une époque où les preuves d’amour se chiffrent en billets, où chaque attention doit être visible, instagrammable, luxueuse. Et la Saint-Valentin, cette journée censée célébrer l’amour pur et sincère, est devenue une véritable course à la dépense. « Tout ça n’a rien de romantique quand tu dois jongler avec ton porte-monnaie », me dit James, soulagé, qui vient d’être largué par sa partenaire.
Même si les rues de Port-au-Prince ne font que compter les morts, les magasins, eux, comptent les ballons rouges, les vitrines décorées, les promotions sur des parfums et des bijoux. Les fleuristes, quant à eux, doublent leurs prix, les restaurants affichent des menus « spéciaux », et les hôtels, les masterpieces, proposent des chambres décorées pour l’occasion. Mais derrière ces décorations scintillantes, une question se pose : qui peut encore se permettre de fêter l’amour ?
Voici une estimation des prix pour une Saint-Valentin digne des standards de 2025 :
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Un bouquet de roses rouges : à partir de 15 000 gourdes. Et le prix peut tripler selon la qualité.
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Une boîte de chocolats : à partir de 5 000 gourdes.
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Un dîner romantique dans un restaurant haut de gamme : à partir de 30 000 gourdes.
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Une nuit dans un hôtel chic ou un Airbnb décoré : à partir de 30 000 gourdes.
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On n’oublie pas les parfums et les bijoux. Faites-vous plaisir.
Dans un pays où le salaire minimum peine à dépasser 10 000 gourdes par mois, ces sommes ont de quoi donner le vertige. Milla m’a demandé : « Est-ce que l’amour est devenu un business ? » Ohhh, la honte ! Ça se voit qu’elle est célibataire depuis trop longtemps. Autrefois, une lettre écrite à la main, une balade sous les étoiles, des rires sous la pluie, un repas préparé avec amour suffisaient à dire je t’aime. Aujourd’hui, ces gestes simples semblent presque naïfs. On ne se contente plus de sentir l’amour, il faut le prouver matériellement.
Les réseaux sociaux amplifient cette pression. Une relation heureuse se mesure désormais aux cadeaux reçus, aux voyages partagés, aux expériences luxueuses. Et si ton ou ta partenaire ne peut pas suivre, la société se charge de te le faire comprendre. Excusez-moi, mesdames, si VOTRE partenaire ne peut pas suivre… ? Parce qu’on peut bien être crevita et exiger un portefeuille rempli, mais les crevitos sont inadmissibles dans notre cœur.
En Haïti, où les conditions économiques sont de plus en plus précaires, cette obsession du matérialisme pousse beaucoup à revoir leurs critères en amour. Certains cherchent un partenaire financièrement stable avant de parler de sentiments. « Aimer, c’est aussi assurer sa survie », m’a lâché Claire. « Ma belle, dans ce pays, survivre est un luxe ».
Bon, sérieusement, peut-on encore parler d’amour sans parler d’argent ?
Malgré tout, il reste encore des âmes qui croient en un amour détaché des contraintes financières. Un pique-nique improvisé, un dîner préparé à la maison, une playlist spécialement créée pour l’autre… Mais ces gestes sont-ils suffisants ? La vérité, c’est qu’en 2025, l’amour n’est plus un simple sentiment. C’est un luxe, un privilège. Et dans un monde où tout est ARGENT, la question n’est plus « M’aimes-tu vraiment ? », mais plutôt « As-tu les moyens d’aimer ? »
Bon, maintenant, avec mon cœur grand ouvert, j’attends de voir comment mon copain va me prouver son amour. Une lettre enflammée griffonnée à la va-vite, une fleur volée sur le chemin, ou juste ce regard intense qui me fait frissonner avant même qu’il ne me touche ?… Ça me suffit, non ?
Et vous, dites-nous en commentaire : qu’attendez-vous de votre partenaire pour la Saint-Valentin ? Un cadeau, un geste symbolique, une folie romantique ? On veut tout savoir ! Même si on le sait déjà. « Envoie-moi ton numéro de compte, please… »
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